La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Billet 336 67 tins*. M.R. a bien fait de le congedier. Et ce papier que Roueri5 vient de me donner secretement" et que je vous envoie pour le faire voir à M.R. vous l ' aprendra, et certes le temoignage d ' un homme de qui il estait, comme on tient pour asseuré, l ' espion, est bien fort. Je vous conjure de bien menager ce billet, et d' empescher que persane ne le voie, qui en puisse parler, car Roueri serait perdu, et i l est utile à M. R . . Adieu, tout, e t tout vostre à la vie, e t à l a mort B . ' +29+ ; b +vous+. Mémoire de diplôme présenté à la Faculté des Lettres de I' Uuniversité de Turin et à la Faculté des Lettres, Sciences Humaines et Sociales de l ' Université de Savoie, a. a. 1 999- 2000; A. ANNE, Molière dans la région nantaise et l 'abbé Charp_v, Bonnières-sur-Seine, chez l'auteur, 1 973; P. EMARD, Tartuffe. sa vie, son milieu et la comédie de Molière, Genève, Droz, 1 932. -' En effet, Charpy écrivit de Ballon (localité sise dans le territoire de la commune d'Avanchy, département de l' Ain) une lettre adressée au cardinal Mazarin et datée du 3 février 1 654. Par ce document, on apprend que Charpy, conseillé par son frère Thomas qui se trouvait à Paris, attendait les instructions de Mazarin pour passer en France, à cause de l a condamnation qui pesait encore sur lui pour l'affaire des faux sceaux; l'intention d e Charpy était de se rendre en Bourgogne ou à Genève, mais l'occupation de la première par les Espagnols et la peur d'être soupçonné de protestantisme lui firent préférer la solution de rester aux frontières de la Savoie. Il fut donc hébergé quelque temps par les Perrucard, seigneurs de Ballon, qui toutefois furent obligés de le congédier aussitôt, craignant la colère de Madame Royale. Charpy se déplaça alors un peu partout avant de rentrer à Paris (cf. R. MoMBELLO, op. cit. , pp. 1 16- 1 1 8 et 224-30). Il est intéressant de remarquer qu'à Ballon on avait aussi logé une partie des troupes françaises qui étaient destinées à passer en France. ' Au mois de février 1 653, le dernier des frères de Charpy, Thomas-Gaëtan, était entré dans la congrégation des Théatins, dont on sait les liens avec Mazarin. Voilà pourquoi Bailly affirme qu'une fois rentré à Paris, Charpy se rendrait dans ce couvent. En réalité, Charpy n'arriva à Paris que quelques mois plus tard; R. Mombello (op. cit. , pp. 1 2 1 -22) situe le retour de Charpy à Paris vers la mi-mai 1 654, date à laquelle il reçut l'acquittement de l'accusation de faussaire. On remarquera également que dans la lettre de Bailly, le ton jusqu'alors amical sur lequel dom Albert parlait de Charpy (cf. Corr. 1, lett. 1 8 et 1 9; Corr. II, lett. 2 1 2; Corr. Ill, lett. 2 14) a laissé la place au blâme et à la méfiance, au moins à l'apparence. ' Le document dont Bailly parle ici ne nous est pas parvenu, mais on peut supposer qu'il contenait un jugement de Mazarin sur Charpy, au lendemain de sa disgrâce. Pour l'identité de Roueri (ou Rouers), cf. gaz. 333, n. 7.
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