La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazette 339 79 inquieté. Je l ' obligei aussi à n ' en point parler à Monsieur le Sur-Intendant', de creinte que ce Mi ni stre ne traversat la negotiation de cet Abbé4, sur qui M. le Cardinal a voulu rejettet' le dernier desordre qui est arrivé en Piemont pour les quartiers d ' hyver, depuis q u ' i l y fût arrivé\ mais i l se j ustifia efficacement, et j e vous dois bien assûrer que ceux qu i entendirent l e dialogue de S . Eminence e t de l ' Abbé, m'ont affirmé, qu' il en sortit bagues sauves6• Celuy, Madame, qui a servi Grenu7, m' a dit que tous ces Mi ni stres sont de bons amis de M. le Cardinal et que V.AR . doit s ' adresser discretement à 1 uy, et se fier fort peu / ( f0 l v ) à tout le reste . Je I ' ay dit à Monsieur ! ' Ambassadeur, qu i en est demeuré d ' accord, aussi bien qu ' il serait entierement de l ' interest de V.AR . de gagner l ' abbé Ondedey8 par quelques presents, ainsy que j ' ay desja pris la hardiesse de luy escrire. Les homes, Madame, n ' agissent pas tousjours par les raisons publiques, mais par les particulieres; cetui-ci est à present parent de M. le prince de Conti à cause de Madame sa femme, dont il est cousin9, et on ne parle pas moins que de le faire cardinal. Il peut tout, et il ne fait rien sans salaire. M. I' Ambassadeur mesme m ' a asseuré q u ' i l fit merveil l es pour la reception qu ' on 1 uy fit, l 'année passée au Louvre en qualité d' ambassadeur du roi 10, et qu' il en avoit . . Abel Servient, beau-frère de 1' Ambassadrice de Savoie. ' Il s ' agit de la question du cantonnement des troupes. ' L'arrivée d' Amoretti à Turin après le voyage à Paris peut se situer juste après la moitié de février 1 654 (cf. lett. 333, n .4). 6 Amoretti revint en France le 22 ou le 23 février, donc cette lettre est postérieure à cette date. L' audience avec le Cardinal est relatée dans u ne lettre qu'il adressa à la duchesse (A.ST. , Corte, Lettere Ministri - Francia. m. 6 l , fasc. 6, lett. 40/2). 7 C'est-à-dire le chancelier Séguier. ' En effet, Giuseppe Zongo Ondedei ( 1 593- 1 674) était l ' agent dévoué du cardinal Mazarin. En 1 654 il fut effectivement promu évêque de Fréjus. Cf. Corr. 1 , p. 1 39, n. 5 et passim. " Giuseppe Zongo Ondedei était apparenté aux Martinozzi, et puisque Margarita Mazarini avait épousé Geronimo Martinozzi, Ondedei s'était apparenté aussi avec le Cardinal. 10 En effet, l ' ambassadeur Aglié avait reçu une partie des honneurs destinés aux ambassadeurs royaux en j anvier 1 653 (cf. G. CLARETTA, op. cit. , p. 67). La duchesse Christine considérait comme très important que la cour de France lui attribue le 'trattamento reale' : elle prétendait que son frère, le roi Louis Xlll, lui avait promis l'élévation à la dignité royale des ducs de Savoie à l 'occasion de son mariage avec Victor-Amédée, pour l'égaler à ses soeurs, qui épousaient le roi d'Espagne et le roi d' Angleterre. À cet effet, Yictor­ Amédée l avait publié l 'édit par lequel il ajoutait à ses armes celles du Règne de Chypre, dont il se disait possesseur en vertu du mariage de la reine Charlotte, dernier membre de la maison de Lusignan, avec un membre de la maison de Savoie. Le titre d' Altesse Royale,

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