La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello
80 Correspondancl' d 'A. Baill.v - 1 654- 1 655 esperé quelque reconnoissance. Y.A.R. me fera, s ' il luy plaist, la grace de ne pas prendre ce que je luy dis avec mon zele ordinaire, pour des conseils , estant incapabl e de consei ller la plus sage Princesse qui fût j amais, mais pour les sentiments d ' un fidele serviteur, qui meurt de douleur de voir les mauvais traitements qu' on vous fait, et qui voudrait donner tout son sang, et non pas seulement des moiens, pour arreter le cours de ses inj ustices. / (f0 2v) Au reste, Madame, je ne sçay comment luy exprimer les sentiments de joye, et de reconnaissance que j' ay pour la grace qu' elle m'a faite, comme je suis tres asseuré, de n ' avoir point crû ce que quelque persone l uy avoit voulu persuader de la liberté que je prenais de faire voir ses lettres. C'est une suitte de cette royale bonté, et de cette constance invincible avec laquel le e lle a coutume de proteger ses serviteurs contre ceux qui les calomnient, et qui les attache bien plus f01tement à son service par ce pretieux lien de sa fidelité, que par toutes les recompenses qu ' ils peuvent recevoir de ses liberalités. Au moins pour moi, Madame, ce genereux aveuglement que vous voulés avoir pour tous les defauts qu'on essaie de luy faire remarquer dans ma conduite, attache sur mes yeux un voile, et un bandeau bien plus epais encore pour tant d' autres graces qu' elle me verse continuellement, et ne me laisse consi derer au moins principalement, que cette eminente, et haute generosité qu ' e lle a de m' estimer moins imprudent, et vain, que les autres ne font. Cela suffit, Madame, pour / (t° 3r) paier avec usure tous mes soins, pour me faire sacrifier mon sang, et ma vie à l ' honeur de son service, et pour luy estre fidele, si par le dernier deregl ement de ma vie, j ' estois si abandonné de Dieu, que de' pouvoir manquer de fidel ité à la plus digne Maitresse qui fût jamais. Je la supplie tres humblement de le croire, et de couroner toutes les faveurs qu' elle m' a presque avec prodigal i té repandues j usques à present. d' une entiere creance, que j e manquerei plustost à rnoy mesme, qu' à ce que je luy dois, et que pour ce qui est de ces bagatelles, qui ont les seules imperfections que la plus rigoureuse critique trouvé [sic] dans mes actions (outre que quand elles seraient veritables, ce ne seraient toujours que bagatelles), elle doit, s ' i l luy qui faisait partie du ·rrattamento reale ' , ne fut jamais attribué à Christine par Richelieu. qui se limita toujours à l a faire appeler par le titre d' Altesse. Par contre. Mazarin s' adressa depuis le début à Madame de Savoie par l' appellation de Madame Royale. Mais le reste de la cour de France ne suivit jamais son exemple. À ce propos. cf. R. ÜRESKO. Tlw Housl' of" Savov in Searchfor a Royal Crown in rhe Sevenreenth Ce111ury, dans Royal and Republican Sovereigmv in Earlv Modern Europe. edited by R. Oresko. G.-C. Gibbs and H. M . Scott. Cambridge. University Press. 1 997, pp. 272-350.
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