La correspondance d'Albert Bailly Volume V Années 1654-1655 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 7 À cela, il faut ajouter que le cardinal de Retz, incarcéré depuis plus d' un an au château de Vincennes, sembla enfin disposé à se soumettre au vouloir de la cour: après bien des hési tation s et des négociations, il signa l a renonciation à l ' archevêché de Paris, l ors du décès de son oncle Jean­ François de Gondi, survenu le 2 1 mars 1 654. Il fut donc transféré à Nantes dès le 30 mars et confié à la garde du maréchal de La Me il leraye, en attendant la réponse de Rome sur sa démission. Mai s cette impression de consolidation de l ' autorité monarchique devait vite être dissipée, car seulement quelques mois plus tard, la situation paraissait complètement bouleversée: le 8 août, Retz s'était enfui de manière rocambolesque en é ludant la surveillance de La Meilleraye4 et i l menaçait de retourner à Paris, où la partie du clergé qui lui était encore favorable avait refusé de reconnaître les vicaires nommés par la cour; entretemps, l ' armée rassemblée par le prince de Condé pour la campagne militaire de cette année paraissait formidable et destinée à menacer sérieusement la capitale du royaume. Comme A . Chéruel l e fait remarquer dans son Introduction au sixième tome de la c01Tespondance de Mazarin5, on comptait que par la prise de la ville d' Arras, les Espagnols pourraient arriver j usqu' aux portes de Paris et, une foi s la guerre civile éclatée dans la Guyenne, Retz pourrait renouveler les troubles de la Fronde. Toutefois, dame Fortune devait assister ce Cardinal 'heureux' , pour utiliser les mots de Bailly6• L' armée du roi, qui avait assiégé la ville de S tenai sous le commandement d' Abraham Fabert, réussit à obtenir la reddition de l a place le 5 août et surtout, malgré la supériorité des troupes espagnoles et lorraines guidées par Condé, la ville d'Arras qui avait été investie au mois de j uillet fut délivrée le 25 du même moi s. Cette victoire, qui fut sans doute l ' événement le plus important de l ' année, représenta un tournant dans l a situation militaire et surtout politique. À partir de c e moment, i l fut c lair que l e vieux parti frondeur n ' avait p l us de chances de triompher sur l 'autorité royale: la preuve en fut que le projet, caressé par Retz, de regagner la capitale fut vite abandonné au profit d ' une autre sol ution, qui amena le 'Pour le récit de cette évasion, on se rey ortera aux Mémoires du cardinal de Retz (CARDINAL DE RETZ, Mémoire, dans Oeuvres. Edition établie par M .T. Hipp et M . Pernot, Paris, Gallimard, 1 984 ("Bibliothèque de la Pléiade"), pp. 954-ss. ·1 Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère, éd. A. CHÉRUEL [et G. o' AVENEL], Paris, Imprimerie Nationale, 1 872- 1 906, 9 vols, t. VI, p . VlI. 6 Cf. la lett. 37 1 , t-o3r.

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