La correspondance d'Albert Bailly Volume VI Années 1656-1658 Gianni Mombello
Lettre 423 137 M o nsie u r Sansoz2 sans savoir ce que je faisois, tant l a douleur m' avoit tro ublé l e sens et la raison. / [f° 4rj Je me voiois comme tombé du tro�me dans la boüe, exposé à l a moc que1ie et c e qui faisoit ma plus grande peine estoit l a creinte que j ' av o i s que le peu de disposition qu ' on rn'escrivoit qu e V.A.R. avoit à me faire du bien ne masquat peu de bonté en clic pour moy cr c e la me dcscspcroit \e n L ie r c m en t/ . En effel, Madame, je me soucie aussi peu de Lous ces illustres etab lissements que de rien, et si .i' ay temoigné de les desi rer, m.1isqu' i l est temps de dire tout, ç'a esté pour contenter des pcrsones qui m' ont' tiranisé depuis longues années, el p r es s é l ' epée clans les r ein s à l uy en demander el plus, pour mon regard, pour m'eclaircir de la verilé de sa bien-vei llance, dont on me faisait, ou pour mieux dire, dont on travaillait à me faire douter que po ur aucun aUachemenL que j ' eu ss e à ces di gn it és , n ' en co n ois s a n l " point de plus grande, Ma d a me, que celle d' estre / lf'' 4vj estimée (sic) v ostr e creature, et de vous avoir pour Maitresse. C' est do n c , Madame, dans cet te confusion de p e n s ée s diverses, dans cet accablement et oppression de mon coeur, dans l' aprehension de la perte de vos bones graces, car on me di soit qu 'aprés m' avoir refusé l ' ev c s c h é d'lvréc', elle n'auroit plus Je co n fï an c e en moy . E n fi n , Madame, ces im a ge s affreuses a voie n t comme des torrents impetueux ravagé tout mon pauvre esprit et dans cette desolation et abbatement de toute mon ame, j ·avois, comme un home qui se noie, jetté l e s mains sur tout ce que mon im a gina t i o n fol l e me persuadoit estre propre à m' arr ache r Je l ' a b yme de mes ennuis vous demandant tantost une chose et tanstost l' autre, un jour des lettres de recomandation et un autre des tiJtres imaginaires sans sçavoir mesmc qu ' ils fussent en vostrc pouvoir. V.A.R. jugera bien s ' il luy plaist par toutes ces extravagances / [f" 2rl q u ' e ll e n ' avoi t point encore aperceues en mes conduites du p a ss é que sans doubte mon affliction estait bien grand e p u isq u ' ell e faisait de si etrangcs d c g a ts clans mon esprit. Je luy en demande tres humblement pardon, M a d am e , et luy rendant m i l l e graces de la bonté q u ' e l l e a e u de souffrir et de terminer par son admirable lettre mes fol ies qui auraient lassé et rebuté toute autre patience que la vostre. Je d e cl a r e 2 Cf. lettre 42 1. ' Cf. lettre 419.
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