La correspondance d'Albert Bailly Volume VI Années 1656-1658 Gianni Mombello

224 Correspondance d 'A. Bailly - 1656- 1658 punition de \les/ jetter au feu, e t de me faire la grace de n e point parl er ni de la femme de chamhre n i de la Demoiselle. Elle' penetrc bien les raisons que j ' ay de luy demander cette faveur. I [ f0 7r] J e remercie cepandant V. A . R . , Madame, avec tous les plus respectueux et plus tendres ressentiments que je puis de m' avoir fait la grace de m'envoier cette lettre dont la conoissance m' estoit si importan te el je vois h i en qu'elle veut me tenir la promesse qu'elle daigna me faire du temps de mes persecutions qu'on ne luy diroit et qu'on ne luy ccriroit jamais rien contre moy qu ' e ll e ne me fit la faveur de m'en advertir par elle mcsme ou par Monsieur Sanso;1. pour en aprcndre de moi mesme la veri té. C ' est une grace à l aquelle aucune autre I [f0 7v j , pour grande qu 'elle soit, ne ' peut estre comparée et qui seule, quand je n ' aurois point une haine mortelle contre les friponeries el les laschetés de l a vie, seroit capable par un mouvement de gratitude et de gencrosité de me l ' inspirer toute entiere. Mais c ' est trop m'etendre sur une bagatelle et j e supplie tres humblement V.A . R . de me pardoncr cette importune pro l ixité. Je ne suis point du tout raisonable n i modcré quand i l s ' agit de perdre ou de conserver lestime et les bones graces de V.A. R . que je cheris plus que ma propre v ie. El l e sçait cc que j 'ay fait autresfois \pour ce mesme sujet./ Sur l'article de Monsieur le commandeur de Mercé I [f' 8r] la chose est allée mieux du monde. Il a ecrit par ce dernier ordinaire à Madame de Nemours. qui est ici depuis deux jours, que V.A.R. avoit fait assembler son conse i l , où elle avoir pressé e t fai t presser extraordinairement Monseigneur de se marier et qu' elle luy laissoit le choix, qu' il se contenta el qu'elle n ' avait point d ' autre veue n i de dessein que de l e satisfaire. Qu'enfin i l estait le rnaistre et qu'il cstuil de sa prndenee et <le sa bonté mesme envers ses sujets de ne plus differer de� s'engager dans le mariage, mais que ce Prince avoit demandé du temps et que I ff' 8v] resolumcnl i l ne vouloit point encore de femme. Madame. V. A.R. ne fait jamais que de grandes actions, mais elle s'est surmontée soy mesme e n celle-ci. c'est son chef d'euvrc et le plus grand coup d ' e stat qu'elle fera jamaish. Madame de Nemours en est satisfaite et ceux qu i sçauront l a chose, comme e l le se repandra par tout i nfalliblement, n ' aru-ibuerunl qu' à S.A.R. l ' amour qu' il a pour la l iberté.