La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 26 Correspondance d 'A. Bailly - 1659- 1663 Elle doit bien se persuader que je la veux servir, car si je n ' en avois pas eü l ' envie, j' aurois proffité de l ' absence du personage, et pris cette occasion de m' en retourner à la Val-d' Aouste, devant son arrivée; ce qui m' auroit mis à couvert de tout ce qui peut arriver de sini stre en cette affaire. Outre que n ' ayant que ce seul engagement ici, je ne trouverois pas fort mon compte à depencer tres b ien de l ' argent sans raison, n i sujet. Il faut donc que cette Dame ait / [f° 1 v] s ' il luy plaist autant de patience à attendre l ' effet de mes soins, que j' ay de passion de les luy rendre avec quelque succés, car enfin on ne peut pas faire l ' impossible, ni solliciter un homme absent. Cepandant, Madame, pour me precautioner contre tous les evenements de cette affaire, et dont je ne pretans point estre garant, je supplie tres humblem[en]t V.A. R . de considerer: Premierement, que sur ce qu ' elle prend la peine de me dire, que je me suis avancé de promettre une somme considerable, sans quoy le mariage4 ne se seroit point fait, je n ' ai fait cette proposition que sur de bons tiltres, et que je luy ai produits authentiquement dans leur original et du costé de la Tante\ et de celuy de 7 1 [le surintendant Fouquet] . En second lieu, elle se souviendra s ' i l l uy plaist que Madame la marq[uise] de C[avour] luy fit voir, lorsque j' arrivei à Thurin" pour venir à Pari s, une / [f° 2r] lettre que 7 1 [le surintendant Foucquet] m' escrivoit, par laquelle i l s ' expliquoit fort c l ai rement, que quand i l promit 80000. l i . ce fut sur l ' esperance qu ' il avoit que la Dame epouseroit celuy que je nommei à V.A . R . l orsqu ' el l e me fit l ' honeur de me demander de qu i i l parloit7, adjoutant dans sa lettre que neantmoins Madame la marq[ uise] et moi pouvions fixer le necessairen, ce fût son mot, et qu ' il verroit de le fai re donner. Sur quoy Madame de C [avour] me dit de le' laisser faire sans luy specifier aucune somme. ' Le mariage entre M"' de Trécesson et le comte de Cavour. 5 Suzanne Duplessis-Bellière ( ou du Plessis-Bellière), fille de Jean de Bruc, procureur syndic des états de B retagne, et de Marie Veniero. Elle fut la maîtresse du surintendant des finances, « la meilleure et la plus fidèle amie de M. Fouquet ». Elle « souffrit la prison pour lui et beaucoup de traitements fâcheux . . . Elle conserva sa tête, sa santé, de la réputation, des amis, j usqu ' à la dernière v ieillesse, et mourut à Pari s » (Journal d 'Olivier Lefèvre d ·Ormesson et extraits des Mémoires d 'André Lefèvre d 'Ormesson publiés par A. CHÉRUEL, Paris, Imprimerie impériale, MDCCCLXI, « Documents inédits sur l 'histoire de France . . . première série. H istoire politique », 2 vol., t. 11, p. LVI). '' Ce fut vers la fin de septembre ou le début d'octobre 1 659. 7 Il n'est pas aisé de deviner à qui on se réfère. Il faudrait quand même exclure Charles­ Emmanuel Il, qui pourtant fut longtemps l' amant de Mademoiselle de Trécesson et le père de trois enfants qu'elle l u i donna pendant leur l iaison.

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