La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Ga::,erte 477 1 3 1 L' abbé de Richelieu9 qui suit les maximes, et l ' exemple de ses freres'0, ayant esté mis en prison par la poursuite de la duchesse d ' Aiguillon " , a ' Il s'agit d' Emmanuel-Joseph de Vignerod (ou Vignerot), comte de Richelieu . abbé de Marmoutiers, de Saint-Ouen, de Rouen, etc., mort en 1 665 à vingt-si x ans. li était le fil s de François de Vignerot, marquis de Pont-Courlay, et le petit-neveu du cardinal Richelieu. La duchesse d' Aiguillon, qui avait plus d'une raison de se plaindre de ses neveux, écrivit un jour, à propos d'Emmanuel-Joseph : « Mes neveux vont toujours de pis en pis ; j'espère que l e troisième épousera la fil l e du bourreau » ( passage tiré des Mémoires de Made 111 oi s el / e de Montpensier et cité par TALLEMANT DES RÉA U X . Historiettes. op. cil., t. l, p. 989-990, note 3 de p. 3 1 1 ) . Ce « troisième » se contenta finalement de devenir abbé, « et de la plus mauvaise réputation » (mots d 'Antoine Adam, commentateur des His1oriettes, ibid.). Une fois, Mazarin écrivit au duc de Richelieu à propos de son frère l ' abbé ( lettre datée de Libourne. le 14 juillet 1 659) : « Je suis bien fasché que vous n ' ayez pas dict, avant mon depart, que M. vostre frere avoit changé de sentimens et qu'il voulait changer de conduite, parce que si cela m'avoit paru, je me serais employé pour luy auprez du Roy pour luy faire adoucir la rcsolution que Sa M" a prise à son esgard ; mais comme il n ' y en a point de plus propre pour le remettre dans le chemin que doit tenir une personne de sa naissance et de sa profession. je n ' ay pu m 'empescher d'y confirmer Sadicte M'' ( . . . ). J'auray beaucoup de joye qu'il se dessille les yeux et qu' il forme une veritable resolution à faire à ! ' advenir une vie differente . . . » (CHÉRUEL, Lettres du cardinal Mazarin . . . , op. cil. , t. IX, p. 1 78, lettre CVJ I ). À cette époque-là, l' abbé de Richelieu était abbé commendataire de deux monastères de l 'ordre de Saint Benoît et prieur commendataire du « priorato conn''" di S. Mm1ino a Campis Parisiensis » (A.S.Y.. Segreteria di Swto, Vescovi, m. 36. ff490-492, lettre datée de « Parisijs 1 2 calendas Jun. anni d[omi]ni 1 660 » = 2 1 mai 1 660). '" On fait allusion aux coups de tête d' Armand-Jean de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu ( 1 629- 1 7 1 5 ), et de Jean-Baptiste-Amador de Vignerot du Plessis, marqui s de Richelieu. frères de l'abbé. En 1 649, le duc avait épousé secrètement Anne Poussart du Vigean, veuve de François-Alexandre d ' Albret, sire de Pons et comte de Marennes. En 1 652, le marquis se maria avec Jeanne-Baptiste de Beauvais, fille d' une dame de cour à la renommée peu limpide. En 1 647. Madame du Pont-de-Courlay présenta une requête au Parlement de Paris pour désavouer ses enfants, l es trois Richelieu, en soutenant qu'ils appartenaient en réalité à Madame d ' A iguillon et au cardinal de Richelieu. Cf. le Journal d 'Olivier Lefèvre d 'Onnesson . . . par CHÉRUEL. . . , op. cit. , t. 1, p. 392 du 1 3 août 1 647. D' après ce Journal. Madame de Pont-de-Courlay avoua seulement son troisième fils et ses filles (Marie-Marthe, demoiselle de Richelieu, morte sans alliance en sept. 1 665, et Marie-Thérèse, qui prit le titre de duchesse d' Aiguillon après la mort de sa tante, et qui mourut, elle aussi, sans alliance, en 1 704) mais désavoua le duc et l' abbé de Richelieu. " Il s'agit de Marie-Madeleine de Vignerot, duchesse d' Aiguillon ( 1 604- 1 675). nièce du cardinal de Richelieu et femme, dès 1 620, d' Antoine du Roure de Combalet. Restée veuve sans enfants, Madame d' Aiguillon souffrit beaucoup des querelles qui opposèrent le cardinal de Richelieu à la reine mère. Femme de culture et de lettres, elle fut la première à défendre le Cid de Corneille. Marie de Médicis et d' Anne d'Autriche la comptèrent parmi leurs amies. Après la mort de son oncle Richelieu ( 1 642), la duchesse vécut de dévotion et de charité sous la direction de saint Vincent de Paul. Cf. A. BONNEAU-AVENANT, La duchesse d 'Aiuguillon, nièce du cardinal de Richelieu, sa vie et ses œuvres charitables, 1604- 1675, Paris, Librairie Académique Didier, 1 882'.