La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 4!:!1 145 abreger le terme, sa M [agestJ1 ne pouvant pas differer davantage. Cette diligence inopinée fait bien philosopher. La reponce d' Espagne eclaircira tous les doubtes. Depui s cent ans, on ne se souvient point d ' un hyver si rude que celui-ci4• La riviere estd si prise qu' à peine peut on rompre quelques glaçons pour degager les bateaux . Les rues sont couvertes d' une si / [f° l v]e grande quantité de neiges que les carrosses ne vont plus. Et le froi d est si extreme qu'on gele par tout. au mois d'août 1 659 de Paris, le roi et son entourage arrivèrent à Aix en janvier 1 660. Le 2 mars, le roi entra à Marseille, où l'administration municipale fut privée de son autonomie. Le l" mai 1 660, il fit son entrée à Bayonne et, une semaine après, se rendit à Saint-Jean de-Luz pour rencontrer Philippe IV. Le 9 juin 1 660, on célébra les noces entre Louis XIV et l ' infante d' Espagne. Les deux époux ne rentrèrent à Paris que le 26 août. La présence du roi dans ces régions du midi était d"ailleurs nécessaire. À Marseille. depuis les barricades de juillet 1 658, la vie et le pouvoir local étaient constamment troublés par différentes factions concurrentes. On infligea alors à la ville une punition en quatre étapes. Au début du mois de janvier 1 660, vingt compagnies d'élite l'occupèrent et la population fut désarmée. Puis, un tribunal d'exception fut mis en place pour juger les séditieux. Le Conseil de ville fut suspendu et le monarque en personne ordonna de faire abattre la Porte royale, avec une partie des murailles, symboles des l ibertés urbaines. Le 2 mars, il entra solennellement par la brèche. Il ordonna aussi de bâtir une forteresse, la citadelle Saint-Nicolas, pour surveiller la ville. Enfin, le régime municipal subit une profonde transformation. Cf. L 'état classique. . . , op. cit. , p . 438. À propos de l a rentrée fastueuse des rois à Paris, l e 2 6 aoüt 1 660, cf. L 'entrée trio111phante de Leurs Majestés Louis XIV, roi de France et de Navarre, et Marie Thérèse d 'Austriche, son épouse. dans la ville de Paris. . . au retour de la signature de lapaix générale et de leur heureux 111ariage. (26 août. ) Enrichie d "un grand nombre de.figures, de harangues. . . le tout exactement recueilli par l 'ordre de MM. de 1•ille ; et impri111ée l 'an 1662, de Jean TRONÇON, Paris, P. Le Petit, 1 662 ( BnF, RES - LB37 - 3399 A). " La rigueur de la saison hivernale fit grelotter un peu tout le pays, et pas seulement le nord. Au début de janvier, le président du Sénat de Savoie Chamousset informait la cour de Turin de Chambéry : « Hyer toute la Cour aITiva en cette ville ayant moins sejourné à Carcassonne et à Beziers que l'on ne pensait en partant de Tolose. soit pour user de l 'avantage qu'un temps extraordinairement froid et sec donne aux canasses. soit que l 'on ait esté pressé par le gouverneur et par le premier president de Provence » (A.S.T. , Corte, Lettere Ministri Francia, m. 70, fasc. « Lettere . . . di Fancesco de Bertrand de Chamosset, Presidente del Senato di Savoia. e incaricato d'affari presso la co11e di Francia ». lett. 2/2 du 6 janvier 1 660). Le froid dura longtemps avec quelque répit seulement. Le même correspondant écrivait encore, juste un mois plus tard : « Si vous avés du mauvais temps en Piemont. nous ne manquons pas icy de froid, nonobstant le climat, après de grande [sic] pluyes et de grands vents qui ont incommodé beaucoup de personnes » ( ibid., lettre 1 8/4, datée d'Ai x-en Provence le 6 février 1 660). Malheureusement, à cet hiver rude de 1 660 suivit un été froid et pluvieux en 1 66 1 , ce qui provoqua une i mportante crise de subsistance dans de nombreuses provinces du royaume. La disette, puis la famine accompagnées d'épidémies affectèrent. durant les années 1 66 1 - 1 662, une grande partie de la population. Cf. L 'état classique . . . , op. cit., p. 44 1 .
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