La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 54 Correspondance d 'A. Bailly - 1659- 1663 que V. A.R. aurait la generosité de conserver à Mad11c d'Orleans8 les bonnes volontés qu' elle a \eü/ jusques à present pour elle4• Et comme il est instrui t parfaitem [en]t de toutes les affaires de feu M' le duc d' Orleans, il m' a assuré que toutes les debtes / [f' 2v] paiées1r', qui ne monteront pas à deux cent mille lança à corps perdu dans la construction d'un nouveau palais, en substitution de celui que le roi Louis XII avait affectionné. Ce travail représenta, « avec les églises et les couvents, l ' u n des grands chantiers du XVll' siècle » . Le duc s ' intéressa aussi à sa maison de Chambord, « qu' i 1 ail [a] d'ailleurs contribuer à sauver de la ruine » : cf Hisloire de Blois et sa région, sous la direction de Y. Denis, Toulouse, Editions Privat, 1 988, « Pays et villes de France » , p. l 1 5 et 1 1 7 . Sur la permanence du duc Gaston à Blois, cf. le même ouvrage. p. l 1 2- 1 20. ' Marguerite-Louise, dite Mademoiselle d'Orléans ( 1 645- 1 72 l ) , fille de Gaston d'Orléans et de sa deuxième femme, Marguerite de Lorraine. Le 1 9 avril 1 66 1 , elle se maria avec l e prince de Toscane q u i devint ensuite grand duc de Toscane, sous l e nom de Cosimo I I I de' Medici. À cause de mésententes graves avec son époux, Marguerite-Louise rev i nt en 1 675 en France, où elle continua à porter le titre de grande-duchesse. Elle fut longtemps l ' une des candidates au titre de duchesse de Savoie, aux côtés de Charles-Emmanuel II. Bailly lui-même montra une inclination particulière pour cette demoiselle « jeune, belle, bien elevée, et de sang royal » (GIACHINO, lettres inédites de Mgr Albert Bailly (Rome- 1 658), op. cit., lett. V, datée de Rome, 30 juin 1 658. p. 7 1 ; cf. aussi ibid., lett. XXIII, p. 1 66- 1 67 ) . " À cette époque-là, c'était Mademoiselle d ' Alençon (Elisabeth-Marguerite d'Orléans) que Louis XIV avait promise au duc de Toscane (cf. A.S.T., Corte. Lettere Ministri-Francia, m. 70. fasc. du marquis de Saint-Damien, lettres cotées 1 /5, F 5r, et 2/2, f" 1 r, respectivement datées du 20 et du 26 mars 1 660), tandis qu ' i l était favorable à l'alliance du duc de Savoie avec Mademoiselle d' Orléans ou avec Mademoiselle de Montpensier (cf. la lettre que Mazarin envoya à !'abbéAmoretti de Aix, le 29 février 1 660 : CHÉRUEL, Lettres du cardinal Mazarin . . . , op. cit., t. IX, lettre CCLXXXIII , p. 5 1 8-5 1 9). Le roi de France s'attendait seulement à une décision rapide et irrévocable de la part de la cour de Turin, qui au contraire tergiversait (ibidem, lettre CCLXXXIII, p 5 1 9 ; lettre CCX, datée de Montpelli er le 1 0 avril 1 660, p. 583). Las de l ' i ndécision des Piémontais. Louis XIV commença alors à traiter les noces entre Mademoiselle d'Orléans et Cosimo de' Medici : ces négociations aboutirent vite à la définition d ' un contrat de mariage. Quand, au début du mois de novembre 1 660, le marquis Ghiron Francesco Villa monta à Paris pour « la congratulatione sopra la Pace [des Pyrénées] et matrimonio di S. M''' [Louis XIV avec l ' infante d'Espagne]. et rendimento di gratie per la protettione tenuta dal la M'" Sua de gl' interessi di S.A.R. nel trattato di pace », il tenta également « di procurare il scioglimento del trattato di matrimonio di Madamiselle d'Orleans con Fiorenza » , mais il était déjà trop tard (cf. A.S.T.. Corte. Lettere Mini.mi-Francia, m . 70, fasc. 2. lettre 1 1 /5, datée du 1 9 novembre 1 660, F 1 v). 1" Combien de créanciers tremblèrent en apprenant la nouvelle de la mort de leur débiteur royal ! Parmi eux, M' d' Alibert (cf. la note 1 6. lettre 1 9), qui s'empressa de chercher un soutien économique auprès de notre duchesse : « Pour moy - écrivait-il à M.R. - je suis celuy de toute la maison qui pert davantage, puisque, outre la perte de la premiere charge de sa maison. mon Pere se trouve encores en avance d' une somme i nfiniment considerable dont il avoit aidé Monseigneur dans ses affaires les plus pressantes, et l 'amitié dont il m'honorait