La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

14 Correspondance d 'A. Bailly - 1659- 1 663 français, avec qui il signa la paix à Pise20• La politique extérieure de Louis XIV. Les manœuvres agressives de l a politique extérieure de Loui s XIV augmentèrent tout a u long des décennies. À partir de 1 667, dès l e début de la guerre de Dévolution, on commença à accuser ouvertement le roi de vouloir devenir le maître de l ' Europe et de vouloir instaurer u ne monarchie universelle2 1 • En vérité, selon certain s historiens, le roi ne caressajamais l e rêve de devenir le maître du monde entier, tel un nouvel Alexandre. Ses démarches pour annexer les Pays-Bas, la Franche-Comté, la Lorraine et la Savoie visaient plutôt à étendre le royaume j usqu' à ses frontières naturelles. Ev i demment, ce projet se heurta aux i ntérêts d ' autres pu i ssances continentales (ceux des ducs de Savoie ou bien ceux de l ' empereur Léopold le', beau-fils de Philippe IV), mais surtout aux intérêts des Ho llandais et des Anglais, contraires à l ' annexion des Pays-Bas. De ces contrastes découlèrent la guerre de Dévolution contre l ' Espagne ( 1 667- 1 668), plusieurs coalitions contre la France, la guerre de Hollande ( 1 672-78), la révocation de ! ' É dit de Nantes (1685, acte que Louis XIV fit sans mesurer les conséquences politiques et économiques de son geste22), la guerre de la Ligue d'Augsbourg (l 688-97)23 et, finalement, la guerre de la Succession d ' Espagne ( 1 70 1 - '0 Le 28 juillet 1664, le nonce Chigi dut réitérer à Fontainebleau les excuses solennelles du Saint-Siège. Le monarque, insatiable, exigea alors l'érection à Rome d'une pyramide, qui rappelât aux Romains. avec son inscription en gros caractères, cette victoire finale du roi de France. Pour mieux perpétuer 1' événement, Charles Le Brun tira son inspiration de cette cérémonie d'excuses papales pour l'une de ses grandes tapisseries consacrées à 1' Histoire du Roy. Cf. L'état classique . . . , op. cit., p. 444. " À ce propos, on rappelle le grand succès que le pamphlet de François Paul, baron deLisola (Bouclier d 'Estat et de Justice contre les desseins manifestement découverts de la monarchie universelle, sous le vain prétexte des prétentions de la reyne de France, s.I., 1667) eut dès sa première parution jusqu'à la fin du siècle. L'ouvrage du baron de Lisola, diplomate franc-comtois au service de !'Empereur, polémiquait contre l'agression deLouis XIV aux Pays-Bas et contre les traités qui s'ensuivirent et il occupa une place non négligeable dans l'élaboration de la« légende noire »deLouis XIV. Cf. J. CORNETTE, La monarchie entre Renaissance et Révolution, 1515-1 792, Paris, Éditions du Seuil, 2000, «Histoire de la France politique», p. 235 et note 3 de la même page. "La révocation de l'édit, il faut le dire, provoqua aussi des démonstrations de joie et de satisfaction dans la plupait des provinces du royaume : il suffit de lire les témoignages de La Bruyère, La Fontaine, Racine, Bussy-Rabutin, Madame de Sévigné, Madeleine de Scudéry et d'autres auteurs encore. "Le pillage du Palatinat en 1688-89 («barbarie gratuite, inouïe, inutile au succès de la guen-e »écrivit Saint-Simon dans son Parallèle des troispremiers rois Bourbons) choqua les élites et même une bonne partie de la population.

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