La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazetre 48H 1 69 que lque / [f0 2v] remontrance que je luy aie faite sur son attentat, qui le rendoit criminel contre l ' Eglise, comme je le serois contre S.A.R. si j ' estois assés temeraire d' ouvrir ses prisons, et d ' el argir ses prisoniers. Je supplie tres humblem[en]t V.A.R. de me faire j ustice, et de commander au Vibail l i f de me rendre ce prisonier ou de dire cause pourquoy il ne satisfera point. 3 0 JI s' estoit glissé dans cette ville une si grande quantité de femmes debordées, et publiques que le Curé du bourg m ' ayant adverti de leurs i nfam ies, et des voleries qu' elles commettoient, mesme qu' ilh n' osoit plus porter le Saint Sacrement, dehors, la nuit, à cause des insultes qu' elles, et ceux qui J esi protegeoient, avoient l ' insolence de leur faire. Je priei le scindic di bourg 1 6 de l es faire chasser, e t de delivrer sa patrie de ces pestes publiques. li le fit avec beaucoup de zele, et dans les formes prescrittes par le coutumier 1 1, qui en matiere de police donne ce pouvoir aux scindics. Le Vibai l li f pretendant que son autorité avait esté blessée. fit emprisoner1 l ' officier d ' autorité, et commanda aux garces de retourner dans la vi l le. Si bien, Madame, que l ' ambition de cet homme qui n ' a plus de limites, \et qui/k ignore tout à fait son metier, va, si V.A.R. par sa pieté n ' y aporte de l ' ordre, autoriser les crimes, et ruiner cette mesme pieté. Pour remedier à ces desordres naissants1, / [ f0 3r] V.A . R . par ces admirables l umi eres dont Di eu l ' a si advantageusement éclairée, pourra examiner s'il ne seroit point à propos qu' elle fit appeler les deputés de cette v i l l e qui ont l ' ordre de luy aller representer leur bon droit, et que la creinte retient encore, afin qu ' estant là avec le Vibaillif qui y doit aller, leur j urisdiction se reglat par vostre authorité, 16 En 1 660. les syndics élus étaient Jean Boniface Festaz (syndic de la Cité) et Jean Camos (syndic du bourg). Cf. DE TILLIER, Historique . . . , op. cit., p. 535. Jean Camos, appartenant à une famille de praticiens d'Aoste, se maria avec Laure Den-iard, fille du sieur Sulpice Den-iard. Cf. DE TILLIER, Nobiliaire du Duché d 'Aoste, op. cit. . p. 1 57. 17 Le Coutumier était un code. dont la rédaction avait été terminée en 1 58 1 . Il se composait de six l ivres et comptait 4262 articles. L"ensemble de ces derniers réglait 1 ·organisation judiciaire, la police urbaine et rurale ainsi que les procédures du notariat et du barreau. Cf. P. THIÉBAr, Une région alpine « intramontaine », la Vallée d 'Aoste, in « L' histoire en Savoie », revue trimestrielle historique. 1 7' année, numéro spécial (hors série). automne 1 982, p. 47-48. Les j uristes qui rédigèrent ces coutumes. transmises oralement dans le temps et abrogées en 1 770- 1 773. s' appelaient « coutumiers » et ils travaillèrent sous la régie prudente du docte évêque de Belley. Ginod, et de quelques représentants de la noblesse. Ils « jouèrent un rôle démocratique -c'est le mot- en rendant clair et certain ! "héritage des traditions, et en mélangeant avec adresse le français régional ». PASSERJN o'ENTRÈVES. La lw1f;uefrançaise et les institutions du Duché d 'Aoste aux XVI" et XV!f' siècles, i n « Société Académique religieuse et scientifique de ] " ancien Duché d' Aoste. Nouvelle série l », op. cit., p. 1 2.

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