La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 8 Corre.1po11da11ce d 'A. Bai/lv - 1659- 1663 l ' empereur Léopol d l'' en 1 666, cette di sposi tion testamentai re aurait entraîné le passage de tous les droits à Léopold et à ses enfants, au cas où le chétif prince Charles I I décéderait sans progéniture. Toutefois, malgré ces précautions, l union de Louis XIV et de Marie-Thérèse « eut [également] des conséquences incalculables pour l ' hi stoire de l ' Europe dans la seconde moitié du XYW siècle, puisqu ' elle était destinée à modifier l ' avenir de la maison d ' Au triche, celui de la Monarchie d' Espagne et de ce qu' i l faut bien déjà appeler "l'équil ibre européen" »'". Comme l ' écrit Bérenger d' après Ernest Lavisse, « l a succession d' Espagne, qui nous paraît aujourd'hui une chimère, était dans l ' esprit de l ' ancienne politique et pour les contemporains un sujet constant d ' i nquiétude »15• Le fait qu ' il ne subsistât aucun héritier mâle de Charles Quint aggravait la si tuation. Parmi les héritiers de l i gne féminine, les candidats l es plus accrédi tés étaient au nombre de deux : Philippe d 'Anjou, petit-fils de Louis XI V et descendant en ligne fémi n i ne de Phi l ippe IV ; et Charles de Habsbourg, archiduc d' Autriche et futur empereur Charles VI , descendant en l i gne fémi n i ne de Phi l i ppe I l l . Après de longues tractations, le roi d ' Espagne Charles I I désigna le duc d ' Anjou comme son successeur, à qui on demanda de renoncer sans hésitation à la couronne de France. Les tensions s' envenimèrent et un conflit ouvert éclata entre la France et les principales puissances européennes. Ces hostilités, sanglantes, durèrent plusieurs années et finirent par confi rmer le choix de Charles II : Philippe V de Bourbon monta sur le trône en J 700. Louis XIV et Margueri te de Savoie. Mal gré e l l e , l a cour de Tur i n joua u n rôle non nég li geabl e dans les manœuvres que Mazarin mena afin de réaliser l 'union hispano-française. En 1 658, le roi Philippe tardait à choisir un époux pour sa fille et faisait la sourde oreille devant l 'insistance de sa sœur Anne d' Autriche. Feignant de renoncer à J ' Infante, mais effectivement pour presser la cour de Madrid à se décider, Jules Mazarin affecta de s ' intéresser à la princesse Marguerite, seconde fille de la duchesse douairière de Savoie16. Bien que Marguerite fût déjà promise au duc de Parme, Ranuce II Farnese, l a cour turinoise eut une " J. BÉRENGER, Le conflit entre les Habsbour�� et les Bourbons ( 1 598-1 792), p. 193-232, « Revue d'histoire diplomatique », n ° 3, 2002. p. 204. '' Ibidem. L'ouvrage de E. LAVISSE. dont Bérenger tire sa citation, est Vue générale de / 'hiswire politique de / Europe, Paris, Armand Colin, 1 927, p. 1 44. 3" La ruse de Mazarin était fort fine el vraisemblable, car la cour de France avait déjà montré un certain intérêt pour la princesse de Savoie en 1 654 (cf. G. CLARETTA, Storia del regno e
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=