La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Gazette 49R 1 99 Il a souhaité que V.A.R. le sçeut pour sa consolation, sçachant la part qu'elle daigne prendre dans tous ses i nterests. M' d ' Estrade" est nommé Ambassadeur ordinaire pour le Roy en Angleterre0• sans premier ministre. Foucquet, Lionne et Le Tellier entrèrent alors dans le Conseil d'en haut, aidant le monarque dans la direction du Pays. Peu de temps après, pour prêter à son roi la somme d'un million de livres. Foucquet vendit sa charge de procureur � énéral, la seule qui lui aurait empêché d'être traduit devant une juridiction extraordinaire. A la fin du mois d'août 1 66 1 , le surintendant se rendit à Nantes, à la suite de Louis XIV. pour la tenue des É tats de Bretagne. « l i est certain que cet homme dont l'ambition étoit démesurée et la conduite peu réglée, avoit fait de furieuses d issipations pour ses plaisirs et pour s'acquérir des amis . . . Il n'y avoit personne à la cour qui ne fût son pensionnaire. Cela le rendoit redoutable, et, de plus, il avoit fait fortifier l a ville de Belle-Isle, terre de son domaine, pour lui servir de retraite en cas de besoin. Il y tenoit un gouverneur et une garnison qui dépendoient de lui ; ainsi . . . le Roi faisoit encore meilleure mine à M. Foucquet, qui se flattoit de parvenir ministre » (Mémoires de Saint-Hilaire publiés pour la Société de ! ' Histoire de France par L. LECESTRE, op. cit. , t. 1. p. 1 1 ). Le 5 septembre 1 66 1 , toutefois. on l' arrêta sans ditficulté, malgré ce grand nombre de partisans et d' agents zélés. On a souvent pensé que c'est la fête dispendieuse que Nicolas Foucquet donna à Vaux, le 1 7 aoüt 1 66 1 , qui provoqua le scandale et la fureur de Louis XIV. En réalité. Colbert, intendant de Mazarin, dénigrait le surintendant auprès du roi depuis longtemps. Dès avril, Giovanni Battista del Ponte écrivait au ministre de Saint-Thomas : « . . . Si tiene comunemente che il Foucquet cominci a decader dalla gratia. » (A.S.T., Corte, Lettere Ministri-Francia, m. 73, « 1 66 1 in 1 663. Lettere di Gio. Batt. Del Ponte al Ministro », lettre 2/2. datée de Paris, le 30 avril 1 66 1 ). À propos des détails de ! ' arrestation et du procès de Foucquet cf.. entre autres, A. C H É R U E L , Mémoires sur la vie publique et privée de Fouquet, . . . d 'après ses lettres et des pièces inédites conservées à la Bibliothèque irnpériale, Paris, Charpentier, 1 862, 2 vol . et G. BoRDONOVE, F"oucquet, coupable ou victime ?. [ Paris], Pygmalion Gérard Watelet, 1 994. Pendant le procès. la Chambre de justice découvrit des détournements pour 380 millions et plus de cinq cents financiers furent condamnés à restituer l 'argent dérobé. Le 1 5 septembre 1 66 l , dix jours après l ' arrestation de Foucquet, le roi supprima l a surintendance au profit d ' un Conseil royal des finances. 4 Godefroy comte d'Estrades ( 1 607- 1 686 ou 87), fils de François d'Estrades et de Suzanne de Secondat. Après avoir servi plusieurs années en Hollande, il fut chargé de diverses missions diplomatiques en Angleterre, en Hollande et en Savoie. Commandant à Dunkerque et Mardick, le comte d'Estrades devint ensuite l ieutenant général des armées du roi ( 1 650), lieutenant général de B rouage, de La Rochelle et du pays d ' Aunis au nom de la reine mère ( 1 653), commandant à Bordeaux et des troupes de Guyenne. Il suivit Louis XIV dans l'expédition en Hollande et y fut fai t maréchal de France le 30 juillet 1 675. Comme premier plénipotentiaire, il dirigea les négociations qui précédèrent le traité de Nimègue, en 1 678. En récompense de son dévouement, le roi le nomma gouverneur du duc de Chartres, premier gentilhomme de sa Chambre et surintendant de ses finances en 1 684. Il se maria deux fois : la première, en 1 637, avec Marie de Lallier. qui décéda en 1 662 ; la seconde avec Marie d'Aligre. veuve de M ichel de Vertamont. De ce second mariage naquirent deux fils. Cf. le Dictionnaire des maréchaux de France : du Moyen Age à nos jours, op. cil . . p. 1 72- 1 73 . 5 En 1 66 1 . l e comte d'Estrades s e rendit effectivement à Londres comme ambassadeur. Là­ bas, le baron de Vatteville, ambassadeur d'Espagne, et lui engagèrent une dispute au sujet

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