La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

fntroductùm 1 9 entrevue avec l e souverain de France, vers la fin du mois de novembre 1 65 8 à Lyon, o ù Lou is XIV manifesta, d u moins au début, un vif i ntérêt pour sa cousine italienne. Lorsque Phil ippe I V le sut, il s ' exclama « Esto no puedo ser y no sera ! »17• Toute réticence tombée, le comte Anton i o Pimente! reçut de son roi l ' ordre d ' offrir à Anne d 'Autriche la paix et la main de Marie­ Thérèse. Grâce à cette comédie, l ' habile premier mini stre français obtint donc le résultat prévu. Il ne lui resta qu ' à interrompre sans plus de façons les pourparlers avec les Piémontais, qui reprirent le chemin de Turin le 8 décembre 1 658 , à la suite d ' un congé expéditifl8. La promesse écrite de Loui s XIV, selon l aquelle il reviendrait à Marguerite au cas où son mariage avec l ' infante ne se célébrerait pas avant la fin du mois de mai suivant, flatta encore quelque temps la duchesse Christine",. dei tempi di Carlo E11w11uele Il. duca di Savoia. Genova, Tipografia del Regio Istituto de· sordo-muti, 1 877- 1 878. 3 vol.. t. 1, p. 1 89). '' C"est-à-Jire : cela ne peut être et ne sera pas. Cf. MADAME DE MOTTEVILLE, Mé111oires (1615- 1666). Paris. Librairie de Féchoz et Letouzey, 1 88 1 . « Nouvelle col lection Lies Mémoires relatifs à l ' h istoire de France », vol. XX IV, p. 47 1 (dorénavant M ADAME DE MoTIEVILLE, op. cil.). Dans ces Mémoires. on trouve l' intéressant récit de la rencontre des cours française et savoyarde à Lyon, p. 470-474. '" Sans s ' arrêter davantage sur cette rencontre lyonnaise. si bien racontée par les mémorialistes de l 'époque, rappelons seulement l 'attitude mesurée et noble que la princesse Marguerite garda en cette circonstance : « voil�t un endroit oü la princesse Marguerite acquit beaucoup d'estime et de gloire. et beaucoup de louanges de la Reine même : car, soit que le Roi ne la regardât pas. soit qu'il lui parlât, elle demeura toujours égale en toutes ses actions. vivant civilement avec tous, mais ne montrant point se soucier de plaire ». M AD A M E DE MOTIEVILLE. op. cit .• p. 472. 19 Panni les différents ouvrages qui ont été consacrés à Christine de France, citons-en deux récents : R. STOISA COMOGLIO, La pri111u Mudama Reule. Torino. Daniela Piazza Editore, 2003 et M. T. BALBIANO o· ARAMENGO, Mllria Cristinll di Slll ' OÎll, Torino, Centro Studi Piemontesi. 2002. On sait bien que l ' histoire ne se base pas sur les hypothèses. mais on pourrait i maginer. pour un seul instant (c'est entendu). les conséquences que le mariage de Marguerite de Savoie et Louis X TV aurait provoquées. Le rêve de la cour de Turin faillit devenir réalité lorsque le roi de France rencontra pour la première fois sa cousine : « elle [Anne d' Autriche l avoit vu, par la manière dont il [Louis XIV J avoit vécu avec la princesse Marguerite, que ce parti ne lui déplaisoit pas. Elle voulut néanmoins lui en parler le soir de l 'arrivée de madame de Savoie [ 28 nov. 1 658] ( . . . ) : mais le Roi qui avoit envie de se marier, et qui n 'avoit point été choqué du visage et de la personne de la princesse Marguerite, y résista fortement. Il dit à la Reine qu'il la vouloit. et poussa sa résistance jusqu'ü l u i dire qu'enfin i l étoit le maître ( . . . ) . Elle ne savoit quel remède y apporter, puisque le Roi paroissoit aller à cela avec impétuosité, et que le cardinal ne montrait point de la vouloir seconder » (MADAME DE MOTIEVILLE, 011. cil .. p. 4 7 1 -4 72). Dans une lettre conservée aux Archives d'Etat de Turin, on lit également : « . . . J'ay sçeu, Madame, depuis la derniere lettre que j ' ay eu l 'honneur d'escrire il V.A.R., que le roy et la reine furent brouillés à Lion sur ce que l ' on parla du mariage de l ' infante. Son E[minence] l es racommoda avec bien de la

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