La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

208 Correspondance d 'A. Baillv - 1659- 1663 et i l croit que Mademoiselle" epousera le prince de Lorreine7• I l me dit qu ' i l '' Il s'agit d ' Anne-Marie-Louise d' Orléans. duchesse d e Montpensier ( 1 627- 1 693), dite « Mademoiselle » tout court ou « Grande Mademoiselle ». ' Charles-Léopold-Nicolas-Sixte de Lorraine, dit prince ou duc Charles ( 1 643- 1 690). Quoique héritier présomptif de son oncle, Charles IV, duc de Lorraine, il n'eut finalement ni le Duché de Lorraine, à la mort en 1 675 de son parent, ni le trône de Pologne, qu'il ambitionna quelque temps, en concurrence avec Jean Sobieski. Cependant, le prince Charles acquit une grande renommée comme général des armées impériales. Depuis le mois de mars 1 66 1 au moins, le bruit courait d' une possible alliance entre la Grande Mademoiselle et lui. Après le décès de Mazarin. le ministre Lionne alla chez la princesse pour connaître sa décision, qui fut positive (elle aurait répondu : « Je n' aurai point d'autre volonté que celle de Sa Magesté »). li fallut donc s'entendre avec le vieux duc de Lorraine sur les « articles et conditions » de la cession de ses états à son neveu. Charles IV de Lorraine les posa ainsi : « Cent cinquante mille livres, sa vie durant, sur les salines de Lorraine, cinquante mjlJe en terres et seigneuries dans le Duché. pour les posséder en tous droits de haute, moyenne et basse justice, sous la souveraineté du roi de France, et cent mille .livres de rente sur des terres et seigneuries sises en France » (cf. les Ménwriaux du Conseil de 1661. op. cit. , t. 1 , p. 6 5 note 1 2). En dépit d e négociations prolongées, cette alliance ne s e tït jamais. Le baron de Sainte-Frique en informait déjà la duchesse de Savoie, le 25 mars 1 66 1 : « Bien que M. de Lo1i-aine ayt donné de croire qu'il auroit peine à se rezoudre de se demetre en faveur de son nepveu en faveur du mariage de Mademoiselle, neantmoins il faut croire que c'est tout de bon. On y travailla hier aprés diner de la bonne sorte mais, en conclusion, on ne se peust acorder sur la difficulté que Mademoiselle trouve à estre asseurée du Duché de Lorraine contre les intentions de S. A. de Lorreine, dont elle craint le retour, ou bien que, se mariant, il eust des enfans qui pouroient s'opozer un jour à la cession du Duché de Lorraine, de sorte que l 'affaire a esté un peu remize ; et l'on dit que Mademoiselle veut regarder cette affaire comme son pis aler ; c'est le secret que personne ne peut sçavoir au vray par conjecture » (cf. GRAJZZARO. Correspondance inédi1e . . . , op. cit., gazette XCl l , p. 258-259 ; cf. aussi la lettre XCI du 1 8 avril 1 66 1 , ibidem, p. 249-250). Peu de temps après, le 22 avril 1 66 1 . Henri de Baud de Sainte-Frique donnait d'autres détails, sur le même sujet : « On ne parle plus de l ' affaire de Lorraine, elle est eschouée et, à mon esgart, comme je ne l ' ay jamais creüe, aussy n'est elle pas rompüe. » (ibid., gazette XCIV, p. 279). En août, M. cl'Alibert ajoutait pour sa part : « La mariage avec Monsieur le prince Charles est une affaire eschouée, puisque Monsieur le duc de Lorayne c 'est fsic l declaré ouvertement ce [sic] voulloir marier avec Madame la contesse de Cantecroix. et qu'il faict ses instances en cette cour [de Rome] affin que l'on luy permeste » (A.S .T., Corte, Lettere Ministri-Roma, m. 76, cit., lett. 34/2, datée de Rome, le 22 août 1 66 1 ). En février 1 66 L Charles IV de Lorraine avait même signé un traité par lequel il cédait à Louis XIV la Lorraine et le Duché de Bar, à condition de pouvoir épouser la fille d ' un apothicaire nommé Pajot. B i entôt repenti, i1 chercha à éluder ce traité, que cl' ai lieurs le roi considéra comme nul, étant donné que le duc ne pouvait pas disposer validement de ses états (cf. les Mémoires de Saint­ Hilaire, édition citée, t. I, p. 38 note 1 ). Cf. le « Contrat de mariage de Charles, duc de Lorraine, avec Marie-Anne-Françoise Pajot, 1 8 avril 1 66 1 » : Paris. BnF, ms. f. fr. 1 7532 « Mélanges historiques », f0 179 et suivants. À propos de l'engouement du duc Charles IV pour cette jeune fil le, cf. ce que l 'envoyé savoyard à Paris, Giovan Battista del Ponte, écrivit de Paris au ministre Saint-Thomas, le 30 avril 1 66 1 : « . . . Il Duca Carlo LlV] di

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