La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
/11troductim1 2 1 pouvait ainsi continuer à régir le Duché malgré l a maj orité de son fils )-1', Charles-Emmanuel I I hésitait entre plusieurs partis, mais seulement pour atermoyer sa décision. l i avait sa technique à lui pour tergiverser et, entre temps, il s' amusait avec une fi lle d ' honneur de sa mère, la belle Jeanne de Trécesson, qui l ui donna trois enfants•3. Ce fut surtout pour mettre fin à cette liaison scandaleuse qu'entre 1 658 et 1 660, Christine aiguillonna de plus belle son fils à se marier. Elle commença en faisant en so1te que la Trécesson épousât en septembre 1 659 le marquis Bense de Cavour, le seul, semble+ " Majeur depuis le 1 4 octobre 1 638, Charles-Emmanuel ne prit effectivement le pouvoir qu'en 1 664. c'est-à-dire après la mort de sa mère. On croit savoir que la duchesse de Savoie voulut pour son fils une éducation éloignée des secrets de cour et de la politique, sans aucune instruction clans le domaine de l'histoire. des lettres ou des sciences (cf., entre autres, l'opinion attestée dans le Diz.ionario Biografico degli ltaliani -dorénavant. en abrégé DB!-. Roma. Istituto della Enciclopedia Italiana. 1 960- . . . . jusqu' à maintenant 6 1 vol. (G. Gonzaga-Jacobini), t. XX ( 1 977). p. 340-345 ). On connaît le mémorial secret que le duc Charles-Emmanuel Il laissa à sa mort et grâce auquel on a découvert combien de projets ambitieux il avait l ' intention de réaliser : faire de Turin une ville de commerces et d ' i ndustries. le centre d' une voie unissant la mer Tyrrhénienne et le Pô et Venise. Rien de cela ne se devine pourtant dans les lettres de Bailly. Peu de mots et de considérations sont consacrés au jeune duc, dont la personnalité est, dans l 'esprit de Bailly. encore entièrement éclipsée par celle de sa mère. La plupart des historiens concordent d ' ailleurs clans le sentiment que le XVI I' siècle fut pour la culture en Piémont une période presque complètement perdue. « Non validi certo i tentativi delle due Madame Reali di ricostruire a Corte l'ambiente colto che avevano creato Emanuele Filiberto e Carlo Emanuele, tentativi del tutto falliti » ( F. COGNASSO, Vira e cultura in Piemonte. Dai Medioevo ai giorni nostri, Torino, Centra Studi Piemontesi, 1 969. p. 1 43). À propos des ingérences de Madame Royale dans l ' activité de gouvernement du duc. cf. la relation que l' ambassadeur de Venise Alvise Sagredo envoya au Sénat en 1 662 : « L'intiero delle risoluzioni proviene da Madama, anzi egli [il duca] non sottoscrive mena quai si sia carta se non la vede prima contrassegnata con una cifra dalla madre . . . Apre essa i dispacci, forma le risposte. assiste col duca all ' udienze degli ambasciatori , seco si parla cd essa risponde e risolve . . . ed insornma dentro e fuori della stato ha diretto tutto » (Relazioni di ambasciatori veneti al Senato ... a cura di L. Filpo. Vol XI - Savoia ( 1496- 1 797), Torino, Bottega d'Erasmo, 1 983. « Monumenta politica et philosophica rariora » Series Il. Numerus 2 1 , p. 334-335). '' Arrivée de France. elle fut introduite à la cour de Turin grâce à l' appui de Bailly, ce que Claretta lui reproche âprement. En réalité, c'est en cédant aux pressions du surintendant des finances françaises N icolas Foucquet que le prélat présenta la charmante jeune fi lle à Madame Royale pour qu'el le la choisisse comme fille d' honneur. Foucquet comptait se servir de la demoiselle pour s'emparer de la confiance de la princesse Marguerite, au moment où elle semblait J 'épouse la plus probable de Louis XIV. Nièce de Madame du Plessis-Bellière, Jeanne de Trécesson prétendait être apparentée au comte de Brulon. ancien i ntroducteur des ambassadeurs, qui comptait de nombreux amis en Savoie. Chargée d'espionner les souverains de Turin, elle semble vraisemblablement avoir joué ce rôle.
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