La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

24 C11rrespo11do11ce d 'A. Boil/y - 1659- 1663 la blonde cousine Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, dernière héritière, avec sa sœur Marie-Françoise-E lisabeth, d' une branche cadette de la Maison de Savoie transplantée en France. Mademoiselle de Savoie-Nemours avait déj à été proposée à l ' attention de la cour de Turin en 1 658 , mai s sans succès5". Finalement, i l ne restait que Marguerite d ' Orléans. Dans les plans de Madame Royale, cette alliance, valable pour plusieurs raisons, aurait servi à la Maison de Savoie pour obtenir la restitution de Pignero15 1 • tres mal-heureux avec 35. [Mademoiselle] . Au nom de Dieu, Madame, ne faites point une si dangereuse epreuve, et dont assurement vous vous repentiriez tous deux à loisir. Il faut croire ceux qui sçavent les choses par experience, et ne flattent point » ( L. GtACHINO, Lettres inédites de Mgr A l/Jert Bailly (Rome - 1 658), Aoste. Imprimerie Valdôtaine, 1 992, « Bibliothèque de l ' Archivum Augustanum, XXVI », lettre XIV, p. 1 23 ). Un mois plus tard. Bailly ajoutait : « Pour choisir moins mal, je prens la liberté de luy representer le besoin qu'elle a. après avoir imploré le secours d'en haut. de mettre clans une juste balance non point les richesses, la naissance, le sang. la parenté, l'exquise beauté, mais l ' age. l' humeur, l'education. la feconclité, le sentiment des homes, c'est-à-dire l'opinion commune de bonté. de docilité, d ' humilité, de vertu, et de semblables qualités. [ . . . ] . Je joins, Madame, [ . . . J et mon zele et mon jugement tel qu'il est, pour la conjurer de ne rien bazarder ou r . . . 1 au moins precautionez vous contre le hazard. choisissant une brn qui ait moins de tout ce qui peut le rendre plus grand. et vous exposer avec tous vos serviteurs à des inconvenients auxquels i l n e sera plus temps d e remedier. . . . [Mademoiselle] a trente ans passés. Le Prince, comme V.A.R. m'a escrit autresfois si galernment de Luy, est eveillé. ce mot dit tout. L'Empereur defunt n'en voul u t point [ . . . J. Elle ne vous aime pas, quelque mine qu'elle face. Elle croira honorer S.A.R. de l'epouser. Elle est tiere, et a des creatures qu · elle amenera qui chasseront les vostres. Je supprime le reste » (ihidem, lettre du 30 septembre 1 658. p. 1 65 et 1 66). '" Vers la fin de l 'an 1 66 1 . le bruit courut d'un mariage possible de Mademoiselle Jeanne­ Baptiste de Savoie-Nemours avec le prince Charles de Lorraine : « ma le pretensioni del Duca suddetto, particolarmente di volere aile mani in contanti, & al tempo delle nozze doi millioni di lire, che vengono promessi in dote, ne allungano la conchiusione » (A. Soc1N1, Successi del mondo. Gazzetta du l" décembre 1 66 1 ; cf. aussi les nouvelles de Socini datées du 5 janvier 1 662). '' Ayant deviné les intentions de Madame Royale, Mazarin s'empressa de lui enlever toute espérance : cf. la lettre qu'il adressa à Michel Le Tellier de Villefagnan, le 8 juillet 1 659 : « . . . i l y a sujet de juger que. nonobstant toutes les esperances que peut avoir conceues l a duchesse de Nemours, Madame Royale obligera M. l e d u c d e Savoye à espouser Mademoisel le d ' Orleans, que j ' ay trouvée fort bien faicte de corps et d' esprit, à mon passage par Blois . . . et comme on croit que ce qui donne à Madame [R.] le plus d' inclination pour ce mariage c'est la pensée qu'elle a de pouvoir engager, par ce moyen, M. le duc d'Orleans à s'employer auprez du Roy pour la restitution de Pignerol, il est bon à toutes fins pour se precautionner là-dessus que VOLIS disiez un mot au S' de Bellay r serveur du duc d'Orléansl ou escriviez ou fassiez escrire lui faisant cognoistre que, non seulement Sa Majesté est incapable de se porter jamais à une semblable resolution, mais que rien ne pourroit estre plus desavantageux à S .A.R. que de le luy proposer », A. CHÉRUEL. Lettres du cardinal Mozarin pendant son ministère, Paris, Imprimerie Nationale. 1 878- 1 906. 9 vol.. t. IX. lettre Cil, p. 1 70- 1 7 1 .