La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Leure 5 1 7 265 de les trouver dignes d' estre produites à Rome. Je crus donc alors devoir faire reponce aux lettres multipliées du Nonce, et de l uy expliquer avec sincerité mes sentiments; et ceux de mon clergé conformement à l ' instance qu' i l m'en faisoit avec beaucoup d' ardeur, par s a lettre d u 1 4. oct[obre] passé, que V.A . R . trouvera attaché à celle-ci8, et que je / [ f0 2v] la supp l i e tres humblem[en]t de prendre la peine de voir, et de lire devant que luy parler du fond de ma lettre. Elle daignera, s ' il luy plaist, considerer qu ' i l y a quelque difference entre mon Clergé et moi, pour la sujetion, et obeissance que nous pouvons estre obl i gez de rendre au Saint S iege, car, Madame, mon Clergé n ' est point soumis allo spogli o9• Il teste comme les lais, et sans autorité de Rome, des biens qu' il possede, et jouit en un mot de tous les privileges de l ' Eglise gallicane"'. L' Evesque n ' a pas tous ces advantages, et partageant avec ce Clergé les immunités generales', et communes à tous les Evesques de France, et de Savoye, il est privé de deux seules franchises en particulier, qui sont celles de pouvoir faire testamment, et d' estre exempt de l 'examen de Rome. / [f0 3r] Cela presupposé, Madame , et que je la prie de vouloir b i en remarquer, je crus devoir faire une rêponce à M' le Nonce, un peu meslée, et laquelle pouvant estre veue à Rome, ne pût prej udicier ni à mon Clergé, ni à moi. Pour mon Clergé, je souti ns qu ' il ne devoit point paier, et pour le montrer j ' envoiai au Nonce la copie de l ' escrit que j ' avois pri s la hardiesse de" faire presenter à V.A.R. par M' Sansoz, et qu ' elle avoit aprouvé 1 1 • Je me servi s de ces mesmes raisons pour moi, et creignant que s i Rome s' apercevoir de la sujetion particuliere que j ' ay à subir l ' Examen, et allo spoglio, sa delicatesse i nfinie ne trouvat à redire à mes pretentions, je / [f0 3v] les voulus temperer sans neantmoins me departir aucunem[en]t du ' Malheureusement. cette lettre du nonce ne nous est pas parvenue. • La loi de la dépouille pem1ettait à la Chambre Apostolique de s'emparer de tous les biens d'un ecclésiastique décédé. Le clergé du diocèse valdôtain refusait pourtant d'obéir à cette loi à cause de sa condition de suffragant de la métropole de Tarentaise, province religieuse de la Savoie jouissant des privilèges gallicans. Cf. DE TILLIER, Historique . . . , op. cit., p. 1 38. '" Malgré des théorisations du gallicanisme relativement récentes, qui remonteraient à l'ouvrage de Pie1Te Pithou ( 1 594) et de son commentateur Pierre Dupuy ( 1 638 ) , l' idée que l'église de Francejouissait d' une certaine autonomie à l'égard de Rome était plus ancienne. Sur le gallicanisme, cf. le Dicrionnaire de Droit canonique .. . , op. cit., t. V, p. 426-525 ; CASTELLAR!, Degli usi gallicani in a/cune chiese d 'Italia (Diocesi di Aosta - Pinerolo - Susa - Saluzw}, op. cit. , p. 8 et suiv.; cf. aussi G. DEMANTE, Histoire de la publication des livres de Pierre Dupuv, in « Bibliothèque de ! ' Ecole de Chartres », V, 1 843-44, p. 585-606. " Il s' agit sans doute de ses Argumenta.

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