La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 51 9 27 1 paions lo spoglio. J ' envoie à V.A.R. / [f0 2v] la copie de la rêponce que ce Tresorier a fait au Nonce, qu'il a luy mesme donnée à une personne qui me l 'a aussitost envoiée�. Aprés cela, Madame, i l faut lever l ' eschell e5, mais elle aura, s ' il luy plaist, la pati ence, et la bonté de remarquer q ue le Tres[orie]r mesme conoit assés la justice de nos raisons, exhortant subtilement M' le Nonce de nous traiter plus favorablement que les autres beneficiers du Piemont. Et le Nonce mesme m' a fai t escrire par la mesme personne par le soin de laquelle j ' ay receu la reponce du Tres[orie ]r que pourpeu" que nous donassions, i l nous feroi t quittance du reste, ne demandant de nous que l' obeissance. C' est, Madame, qu ' on nous veut assuj et i r comme les autres par ces petits commencem[en]ts. Tant y a, Madame, que si quelqu' un de nous doit paier, per raggione dello spoglio, il n ' y a que moi seul, qui y puisse estre obligé, et je suis tout prest à le faire, c' est à dire donner vingt ou I [f° 3r] vingt cinq ducatons par chaque année, à quoy peut monter dans la rigueur, ma cotte à part0, moienantd que la Chambre Aposto l ique me donne mille ducats pour ma portion congrue, conformement à la decision du Concile de Trente, mais c' est ce qu'elle ne fera pas, outre que le jeu ne vaut pas la chandele7, et qu' il n ' y a pas de l ' apparence d' etablir des collecteurs d ' une centaine de livres, à quoi l ' Evesque pourroit estre cottisé car, Madame, pour mon Clergé, il est resolu de ne point paier, et" n ' attends que quelque contreinte du Nonce pour en appel ler au Senat, qui assûrement fera inhibitions et defences à tous collecteurs de nous troubler. Je prens la hardiesse de renfermer dans cette / [f0 3v] lettre un b il let que M' l ' Archevesque de Tarentaise8 m ' a escrit sur ce sujet, et par lequel V.A.R. verra combien nous sommes assûrez de la protection du Senat9• J ' escris ceci en confiance à V.A.R., et je la supplie tres 4 Cf. la lettre I, dans la section « autres mains ». 5 La f01me la plus commune de cette locution était « tirer l ' echelle après quelqu ' un » et indiquait qu'il n'y avait « plus rien à faire avec lui », qu'on avait « épuisé la matière », qu'on avait appris « tout ce qu'on pouvait en savoir » : cf. le Dictionaire universel . . . de FURETIÈRE, op. cit., t.I, p. 528, s.v. echelle. 6 La cote était la « partie d ' un tout qui est divisée pour en distribuër à chacun sa part. soit pour le gain, soit pour la perte » . On disait ainsi : « On a partagé lepro.fitde nôtre société ; il m 'en revient tant pour ma cote part » , cf. le Dictionaire universel . . . de FURETIÈRE, op. cit., t. 1, p. 344, s. v. cote. 7 Il s'agit d'un vieux proverbe attesté, entre autres, par le Trésor des proverbes français anciens et modernes réunis et commentés par le Conte H. DE VIBRAYE, s.l., Emile Hazan, 1 934, p. 242, s.v. jeu. ' Mgr Millet de Challes ; cf. la lettre 506, note 9. 9 Ce billet n'a pas été retrouvé.
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