La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
26 Corre.1pondunce d 'A. Bui//y - 165r,J- J663 Empereur, l ' infante Marguerite d' Espagne, celle du Portugal, la fi lle de ! ' Electeur de Saxe, ou la soeur du Duc de Modene. Veri tablement, l ' ai née de ! ' Empereur. si l ' on vou lait vous l ' accorder, vous pourrait donner un jour la succession de tout le Montferrat, veu l ' estat du Duc de Mantoue, et de son fi ls, mais quand il n ' y aurait aucune difficulté à ce mariage, ce que je ne crois pas, cette Princesse n ' a que neuf ans au plus, et il vous faudrait attendre si long temps des enfans, que vous avez besoin d ' avoir bien tost, que je vous dis sans hesiter qu' à mon advi s vous n ' y devez pas penser. J ' en d i s de mesme, e t à plus forte raison, de ! ' Infante d ' Espagne [Marguerite-Thérèse] , la quelle doit estre destinée à ] ' Empereur, et crois que son a l l iance foirait rafroidir l ' amitié et l a protection de l a France, la quelle vous est si necessaire ; l ' Infante de / [f' 1 v ] Portugal vous donnerait J ' amitié d ' un Roy éloigné, et qui peut estre reduit à la condition de subiect, et la hayne d ' un plus puissant qui touche vos estats. La fille de Saxe serait Catholi que par raison d' estat, et Dieu sçait comment, ce qui l uy doit donner une excl u sion tres asseurée. Pour la Princesse de Modene, il y a les mesmes considerations à faire que pour l ' ainée de Parme, comme vous sçavez. Il ne reste donc à consulter que sur Mademoysel le de Montpensier, et Mademoyse l l e d 'Orleans mes Niepces . . . . La lettre de l a duchesse continuait en argumentant contre l a Grande Mademoiselle" et en ne lai ssant au j eune Charles-Emmanuel que l e choix de Marguerite-Loui se d 'Orléans, laquel le répondait parfaitement au portrait idéal de la femme qu'on voulait aux côtés du duc de Savoie. " La duchesse Christine pensait que pour bien choisir il fallait avant tout « ! "agreement du Roy. et du Conseil de Monsieur le Cardinal. faute de quoy l ' affaire non seulement ne pourrait reussir advantageuse, mais difficilement en voiroit-on la fin ». et Mademoiselle de Montpensier aurait difficilement obtenu ce consentement. Puis Madame Royale soulignait que sa nièce n ' était plus dans la fleur de l ' âge et qu' une femme de plus de trente ans n'assurait guère la naissance d'héritiers, « sans les quels un souverain n'est jamais. ny obey. ny estimé par les estrangers. et les subiects. et se peut dire miserable. puis que tout le monde se pourvoit par avance et tourne du costé du soleil levant ». Ensuite. après avoir considéré que, même du point de vue de l'argent, la Grande Mademoiselle ne semblait pas quitte de questions de succession et de dettes. Christine terminait sa lettre en écrivant : « Si vous avez la confience en moy, que vous devez. c'est assez de ce que j ' ay dit. Mais si vous estes prévenu de quelque opinion contraire. et avez des-ia acheminé depuis long temps à mon insçeu cette affaire comme tout le monde croit je n'en ay dit que trop pour vous, mais non pas pour moy. pour ma descharge. et ma justitïcation, et afin que l ' on ne me puisse rien imputer à ! 'advenir. C'est pourquoy j ' ay voulu vous donner par escrit ces sentimens et les exposer à la censure de tous . . . » (ibidem).
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