La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
278 Correspondance d 'A. Bail/_\' - 1 659- 1663 qu' elle l ' ordone, je ne sçaurois, Madame, luy dissimuler mes ressentiments. J ' en ay eu beaucoup contre ceux qui ont oublié de mettre vostre auguste nom dans ce bref, et quoique je sois tres persuadé que sa pieté, et sa bonté, qui me sont si fort conues, n ' en auront point / [f0 2v] esté choquées, ni tant soit peu r' alenties à faire rendre à ce Beat i nnocent les honeurs qui luy sont si j ustement decernez, neantmoins je dis ma coulpe, et Dieu me le pardone, j ' en ay teITiblement murmuré, et je ne suis pas encore tout à fait bien revenu de mon peché. J ' ay trouvé des i nstructions sur l ' evesché de Geneve envoiées par un de nos souverains5 il y a plus de cent années, à un evesque d' Aoste, alors son Ambassadeur à Rome6, que j ' ay cru estre plus sûres entre les mains de étonnement à la nouvelle « des attentats si enormes » que l 'évêque avait reçus « sur la fin du passé mois de May, tant à l'occasion du bruict et scandale public, de la source et subject d ' où i l s derivent, que du trouble et confusion q u ' i l s [des fripons] ont apporté au couronnement de la feste, devotion et resjoüyssances qui se celebroient par les fidelles à l 'honneur du Sainct de l ' Estat de Savoye nouvellement canonisé. laquelle a esté si extraordi naire et accomplie partout les Estatz etrangers que c'est ung creve cour et playe incurable au pauvre et innocent Duché d' Aouste qu'i l fai lle que tout seul il supporte cette mortification et mauvais bruict que d ' y avoir esté telle solennité si mal termi née par l' insolence de ces miserables, lesquels la justice divine ne laissera long temps i mpunis ». Aoste. BGS, Fonds Gal-Duc, carton XXVIll, doc. 1 6. D ' après des notes autographes de Mgr Duc, placées au verso de cette lettre de Jean-François Passerin , on apprend également que Mgr Bailly fut le parrain d'un des enfants de Jean-François Passerin. Cet enfant reçut le même prénom que l'évêque, Phi l ibert-Albe1t, et embrassa la can-ière ecclésiastique. En 1 687, il fut nommé (chanoine ?) à une chapelle de la Cathédrale (ibidem). 5 Il s'agit de Charles III de Savoie, né en 1 486 et mort en 1 553. Son fils Emmanuel-Phi libert lui succéda après son décès et régna jusqu'en l 580. ' Il pourrait s'agir d'Amédée Be1rnti (vers 1 470- 1 525). l'un des plus excellents jurisconsultes de son temps. Il fut gouverneur de Rome jusqu'en 1 5 1 3 ; puis Louis X le nomma évêque d'Aoste ( 1 5 1 5) . Sacré à Rome, Mgr Berruti prit possession de son diocèse, par procuration, en 1 5 1 6 et fit son entrée à Aoste en l 5 1 7. Dans son Historique, De Tillier le définit « un tres apre et zelé defenseur des libertés et franchises de l'eglise . . . , [un] grand ennemi du vice et du relaschement, [qui entreprit] . . . de reformer certains abus qui s'etoint glissés parmy les peuples durant le mouvement des guerres et du poison des heresies ». Selon De Tillier, i l décéda en 1 527 (Historique . . . , op. cit., p. 404). Cf. aussi FRUTAZ, Lefonti per la storia della Valle d 'Aosta, op. cit. , appendice XV « cronotassi dei vescovi », p. 3 1 2 et DB/, op. cit., t. IX, p. 4 1 0-4 1 4 . Toutefois, i l s'agit plus probablement d e Pierre de Gazin, originaire de Verceil, chanoine régulier de Saint-Augustin, qui en 1 527 fut nommé évêque d 'Aoste. Mgr Gazi n trouva le diocèse valdôtain dans une s ituation de grand désarroi , à cause de la guerre franco aut1ichienne en cours et du début des troubles causés par les réformés. Il convainquit les Trois É tats à écrire au pape Paul III pour q u ' i l exemptât l e clergé d' Aoste des décimes quinquennales que le Saint-Siège leur avait demandées. Après quelques années de gouvernement charitable dans son diocèse, il fut choisi par Charles III de Savoie (Charles
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