La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
294 Correspondance d 'A. Bailly - 1 659- 1663 ne manquait pas dans nostre cour de gens de cette qualité qui pourrait songer à cette alliance, toutes choses concourant en cette demoiselle pour les y attirer, et la naissance, et le merite, et le bien. J ' envoiei, Madame, cette lettre qui produisit l ' effet que je souhaitais. On se defit du Comte, et on m' escrivit que je nomasse ces persanes que je croiois pouvoir s ' engager dans cette alliance, er estre agreables. Je fus ravi, Madame, de cette resolution, et incontinent je leur proposei divers partis: tous cadets, et entre autres M' le comte de Tournon5• Cetui-ci fût preferé à tous les autres, car, Madame, le pere et la mere qui l ' ont fort veu à Paris, en font une haute estime. On me répondit donc qu ' on1 agreoit la recherche de ce gentil-hommeg, mais que devant toutes choses, on voulait sçavoir son bien, et que pour celuy de la fille, elle en aurait un jour beaucoup, mais qu' à present on lui constituerait une dot mediocre, le pere et la mere ne voulant pas se depouiller avant que de mourir. / [f0 2r] Voilà, Madame, l ' estat de l ' affaire, et l' explication de mon enigme. Mons' de Sai nt-Martin est un genti l -homme provençal qu ' au commencem[en]t a commandé des vaisseaux sur la mer Mediterranée, et fait de beaux combats. Las de la mer, i l alla à Paris, et avec le bien qu ' i l y porta i l achepta l a charge de Tresorier general des mers du Levant, cent mille escus. La faveur lui a esté, pour abreger, si favorable qu'il a acquis pour plus d ' un million de bien, et à present, comme j ' ay eu l' honeur de dire autres fois à V.A.R.6, i l est Intendant de la maison de la Reyne regnante7, ayant paié, contant, cette charge cinquante mille escus. Il a quatre enfans: deux masles, et deux filles, le cadet est destiné pour l ' Eglise, et je luy donnei la tonsure et les quatre moindres8, la derniere fois que je fûs à Pari s. Madame, les ses agissements, le duc avait également ordonné au comte de Beuil et à son f i ls André de le suivre à Turin ( fév. 1 6 1 4) . En mars 1 6 1 5 , le comte Annibal revint à Nice, tandis que son fils, gardé en otage à la cour turinoise, s'évada et vint rejoindre son père quelque temps plus tard. De ce jour, Charles-Emmanuel déclara en état de rébellion le comte de Beuil et ordonna au Sénat de Nice de poursuivre la procédure contre le père, le fils et leurs complices. Le procès, commencé le 3 j uin 1 6 1 7, puis suspendu, fut repris au mois de décembre 1 620. Le 2 janvier 1 62 1 , une sentence du Sénat condamna Annibal et André Grimaldi, contumaces et accusés de lèse-majesté, de rébellion et de félonie, à la peine capitale avec confiscation de tous les fiefs et domaines qu' i ls possédaient dans le comté de Nice, au profit du domaine ducal. Annibal de Beuil mourut en 1 62 1 ; son fils s'enfuit en Provence. Informations tirées du site www.pubchezrobert.fr/l 25.page.52.levens.html. Cf. aussi ! ' article de R. NATHlEZ, les Grimaldi de Beuil, i n « Lou Sourgentin », n° 1 56, avril 2003. 5 I l s' agit de Victor-Amédée de Maillard, comte de Tournon. Cf. la lettre 462, note 33. • Cf. la lettre 466. 7 Marie-Thérèse, i nfante d' Espagne. • Il s'agit des quatre ordres mineurs : le portiorat, le lectorat, l' exorcistat et l'acolytat. Ils
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