La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

296 Correspondance d 'A. Baillv - 1659-1 663 supplie V.A .R . , Madame, de trouver bon ce conseil que j e luy ai donné et d' agreer qu' il soit allé à Montmeil lan plustost qu' à Thurin aussi a-t-il fait tout son possible pour r' amener son fils \au debvoir/14• Nous avons ici le fils" de Monsieur le marquis de Saint-Thomas16• En verité, Madame, i l a de l ' esprit, mais du bon, et du beau, et son j ugement n ' est pas moindre'. 65, 1 670- 1 675, lettre 3 14 du duc Charles-Emmanuel 11 au comte d'Aglié datée de la Vénerie Royale, le 4 décembre 1 67 1 . '4 L'épilogue de cette affaire frôla la tragédie, étant donné que le jeune La Crête risqua de mourir, en cherchant à s'enfuir de Montmélian. Le père, Jean-Balthazar La Crête, envoyait ces mots à Madame Royale, au début novembre 1 662 : « Madame Royale. Pour rendre r obeyssance que je dois aux ordres de V.<A.R.> j 'ay voulu estre moy-mesme I ' executeur de la conduite de mon fils aux arrests dans le chasteau de Montmelian, où il a esté jusques à ces jours passés, que j ' ay aprins [sic] qu'il s'estoit precipité des plus hautes muraillie s, comme une personne desesperée, ce qui m'a extremement mortifié, pour la crainte que j 'ay de l indignation de V.A.R. contre luy, oultre le danger auquel il a exposé sa vie, et quoy qu'il ayt reparé en partie sa faulte estant retourné volontairement dans mes arrests, je viens aux pieds de V.A.R. luy demander tres humblem' pardon de tous les manquem" que mon fils pmmoit avoir commis, et la supplier en toutte humilité de vouloir excuser l ' imprudence de son aage, qui l'a porté à cette extremité. J'aprehende quelque accident en luy, pire que le premier, si ce n'est que V.A.R., usant de sa bonté et clemence ord[inai]re, luy permette son élargissement. Touttefois et luy <et moi> sommes entre les mains de V.A.R. pour en disposer à son bon plaisir, que si elle ordonne que mon fils continue à tenir les arrests, je la supplie tres humblement d 'avoir esgard à la pauvreté et penurie où je suis reduit et que je ne puis fournir à son entretien sans quelque assistance, et grace particulliere de V.A.R., à laquelle je suis contraint de recourir à genoux, avec tres humbles soubmission et priere que j ' ose luy presenter, par l ' e ntremise de Mons' n [ot]re evesque, et après luy avoir fait tres profonde reverence je me dis avec toutte sorte de respect et humilité, de V.A.R., le tres humble, tres obeyssant et tres fidelle serviteur et sujet. Jean Baltasar Lacreste. Aouste ce 3' nov'" 1 662 » (A.S.T., Corte, Lettere di Particolari, L , m. 1 , fasc. « Lacreste. 1 662 » ) . " Charles-Joseph-Victor Carron, comte de Butillière ( 1 64 1 - 1 699), fils aîné de Guillaume­ François Carron, marquis de Saint-Thomas. li fut ministre d' É tat de 1 663 à 1 696, i l prêta serment comme secrétaire de !'Ordre Suprême de !'Annonciade au chapitre du 24 mars 1 680 et fut créé chevalier de ce même ordre quinze ans plus tard. En 1 666, i l se maria avec Paola Beatrice Roero di Guarene (décédée en 1 72 1 , à 70 ans). Cf. MANNO, JI Patriziato subalpino, op. cit., ad vocem Carron. L'h istorien Foscarini le définit comme un « ministro d i raro talento fra quanti ne abbia dati all' Europa i l secolo XVII » (cit. tirée de Manna). Le comte de B uttilière venait d' arriver à Aoste. Dans la lettre que son oncle, le v ice-bailli, expédia le 30 août 1 662 au premier secrétaire Carron de Saint-Thomas. on lit : « Monsieur. Ces lignes vous asseureront de la santé de M' le conte de B uttigliere qui arrivast en cette ville dimanche au soir. J'ay eu touttes les peines du monde de pouvoir obtenir de luy la faveur de venir loger chez moy. Il est party h ier après diné pour Fenix avec le s[ieu]r Carlo Marquet, faisant estat de retorner [sic] icy demain pour revoir M' l'Evesque, et de reprendre incontin [en]t le chemin de Fenix pour s'en aller à Parelle, et de là à Buttigliere. . . . D 'Auoste ce 30 Aoust 1 662 » (A.S.T., Corte, Lettere di Partico/ari, T, m. 2 1 , cit.). 10 Guillaume-François Carron, marquis de Saint-Thomas. Cf. la lettre 485, note 2 .