La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 529 30 1 court, et bien foible, j ' espere que mon zele sera conu , et que l ' extreme bonté de Y.A.R. s ' en paiera, s ' i l luy plaist. Je prendrei la hardiesse de dire par avance à Y.A.R. / [f° 1 v] que, tout ce Conseil tombant d' accord qu ' il faut convocquer le Pays, et proposer la levée du tribut ordinaire, que V.A.R. appel l e avec tant de bonté donatif, q uelques uns ont cru qu ' i l seroit du service de V.A.R. de differer l ' un, et l ' autre jusques à ce prochein printemps'. Leurs raisons sont Que le pays doit encore la tail l e , et le paiement de deux termes, qui n ' expireront que vers la fin du mois de may, et comme les peuples sont instruits de cette obligation, on creint que si l ' Assemblée generale, et la proposition du donatif se font avant que ces termes soient echeus, estant naturelement supçoneux, et muti ns, i l s ne se persuadent qu ' on veut les surcharger, / [f0 2r] ou les surprendre, et ne fassent quelque desordre, ou ne diminuent le donatif. Et certes, Monseigneur, on a assés de peine d' arracher de leur dureté quelque chose de raisonable, mesme quand i l s n ' ont aucun fondement de pleinte, comme Y.A.R . est tres bien i nformée. Il sera donc vrai-semblab lement beaucoup plus mal aisé de les obl iger à imposer une taille considerable, quand on aura à combatre avec leur humeur diffici le, encore leur mesfiance, et leur opiniatreté'. Car, Monseigneur, d ' opposer qu' on ne leur demandera point le donatif <à ?>" nouveau, que le dernier ne soit entierement paié, et / [f0 2v] qu'ainsi il leur doit estre indifferent, qu' on l ' ordonne, et qu' on le fixe tost, ou tard, devant, ou aprés les termes expirés, cette responce tout à fait convainquante (et que j ' ay faite moi mesme au Conseil , à ceux qui ont relevé cette difficulté) est bonne, pour des persanes spirituelles, et qui se paient de raison. Mais, Monseigneur, pour une cohue, ou trouppe grossiere ' Cf. les procès-verbaux des séances du 2 et du 9 octobre 1 662 : cf. A . H.R., A 32, doc. cit., f" 39. 3 Sur la « dureté » et sur l'esprit difficile des Valdôtains, cf. la lettre que Mgr Bailly éc1ivit en 1 689 au prernier ministre, auquel il avouait : « . . . fdans] le Conseil general . . . on y est venu souvent jusques aux mains, et saxa vo/aba111. Et c'est pour cette raison que dans les derniers Conseils generaux nous fîmes oter toutes les pierres qui etoient à l'entour du lieu où se tient le Conseil, et l'année 1 657 sans la prudence, et l ' autorité de feu Monseigneur Millet mon predecesseur. Monsieur le marquis de Bras Gouverneur auroit été tué pour avoir brusquement menacé un Cômis Gentilhôme de mettre l'epée à la main ». « I l n'est rien. Monsieur. de plus honete, ni de meilleur que le Vald'Aotain - ajoutait encore Bailly -, et je ne changerais pas mon Diocese à celui de Tolede. tant j ' y vis doucement, et en paix. Ils sont donc bons. nos Vald' Aotains. en particulier. mais quand ils sont en troupe, et irrités, i ls sont des lions, et indomptables, et c ' est pour cette raison que nos Souverains les ont toujours distingués, et traités avec beaucoup de bonté » (A.S.T., Corte, Lettere Vescovi-Aosta, m. 20, fasc. cité. lettre que Bailly envoya au marquis de Saint-Thomas, d'Aoste, le 4 décembre 1 689).
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