La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

354 Corre.1po11da11ce d 'A. Baillv - 1 659- 1663 nouvelles du dernier ordinaire ayent laissé quelque esperance, on ne croit pourtant pas la choze à la veille d' estre conclüe, bienque !' offre de douze ou quinze millions soit une choze fort considerable à ce Roy, qui a besoing d ' arg [en]t, pour l ' entretien des troupes qui le font regner avec plus de seureté. L' on pretend que la Reyne8 y est demeurée j usques au mois de fevrier sous pretexte du mauvais tems, mais en effect pour d isposer l ' esprit du Roy son fils et de ses ministres à ce mariage, aux conditions de faire aussy consent ir le Roy son fils au mariage de la Princesse sa fille9 avec Monsieur10• Tyrés le' avec le duc de La Mailleraye. Désormais duchesse de Mazarin, elle passa les dernières années de sa vie à la cour de Charles II d' Angleterre et mourut à Chelsea en 1 699. 7 À propos des bruits sur un mariage possible entre Charles Il Stuart et une « Mazarinette », cf. les Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère recueillies et publiées parM. le V" G. d 'Avenel, t. IX, Paris, lmprime1ie Nationale, MDCCCCVI, lett. CCCLIII (Vincennes, 1 7 novembre 1 660), p . 673 note 4 e t lett. CCCLIV (Paris, 8 décembre 1 660), p. 672 ; cf. aussi les Mémoires de MADAME DE MOTTEVILLE, op. cil., vol. XXIV, p. 500. Pour la bonne réussite de ce projet, les Espagnols auraient même donné une riche dot à la jeune mariée, afin d'exclure du trône anglais une princesse portugaise ( C HÉRUEL , Lettres du cardinal. . ., op. cit., t. IX p. 673, note 4). Finalement, le 3 1 mai 1 662, le roi d' Angleterre épousa Catherine de Bragance ( 1 638- 1 705), fil le du roi du Portugal Jean IV. L' archevêque d ' Embrun et l' ambassadeur d 'Estrades achevèrent cette négociation matrimoniale. Le roi Charles II annonça ses noces le 18 mai 1 66 1 (cf. la Gazette de RENAUDOT de 1 66 1 , p. 505-506, 528- 29, 583-84 et 593-94). Du vivant du cardinal Mazarin, ce mariage fut considéré comme le moyen le plus puissant pour soutenir le royaume de France contre l' Espagne. À la suite d'accords secrets, Charles II envoya un contingent considérable aux Portugais, mais c'était Louis XIV qui payait. Par cette voie indirecte, en 1 662 la France fournit au Portugal un corps d'armée de 3000 hommes (Mémoriaux du Conseil de 166 1 , op. cit., vol. IV p. 1 1 7). ' Henriette-Marie de France (cf. l a note 2 ci-dessus). " Henriette-Anne Stuart ( 1 644- 1 670). princesse d'Angleterre et d'Ecosse, fille du roi Charles I". La reine d'Angleterre avait espéré marier Henriette avec Louis XIV, mais ce dernier s'était épris en 1 65 8 de Marie Mancini. Des raisons pol i tiques consei ll èrent ensuite à Anne d' Autriche et à son ministre Mazarin de faire échouer cette relation et de faire épouser au jeune roi l ' infante d' Espagne ( noces célébrées en juin 1 660). Demandée par le prince Palatin (cf. la Gazzetta de SOCIN! du 6 octobre 1 660), la princesse d'Angleterre épousa enfin son cousin germain Philippe de France. Louis XIV tomba bientôt amoureux de sa belle-sœur, alors qu'il l ' avait dédaignée quelques années auparavant, n 'aimant point, disait-il, les petites filles. Pour cacher son entichement, le roi feignit alors d ' aimer une autre femme, Mademoiselle de la Val li ère, dont il finit par s'éprendre sérieusement. Cf. M. L AIR , Louise de La Vallière et la jeunesse de Louis XIV, Paris. 1 88 1 . À propos de la dot que Charles II Stuart donna à sa sœur, cf. ce qu'écrivait le baron de Sainte-Frique à Madame Royale, le 25 mars 1 66 1 : « Le roy d'Angleterre ne donne à M i""1 sa sœur plus que l 'ordinaire des mariages des fi lles d'Angleterre, qui ne sont qu' environ quarante mille jacobus ou peust estre cinq centz mi l frans, et le surplus se doit prendre sur la consideration du merite de la Princesse et d'estre sœur d'un Roy voizin et fort puissant qui est une choze fort à considerer

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