La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

366 Correspondance d 'A. Bailly - 1 659- 1663 On a creu empecher partie de ce desordre en obligeant les soldats de se retirer chacun chez leur hoste à sept heures du soir, et à cet effect on bat la retraite comme dans une ville de guerre, et la diane tous les matins50• Mais cet ordre ne fust pas de beaucoup pour empecher les volleurs, car il se trouve quei \des/ gens de qualité privés des moyens de subsister avec esclat \et/ despanse que la guerre leur fournissoit, vollent à present pour trouver, dans la bourse des gens qui ayment la paix, de quoy satisfaire à leur ambition et à leur necessité. On prist u n marquis que je ne veux pas nommer, i l y a sept jours, i l fust degradé et pendu mardy, et ne se trouva saisy que d ' un masque dont i l se desguisoit et d ' un baudrier recogneu sur luy. Monsieur l e Surintendant5 1 a achepté la maison du feu M' d' Ernery52, cent mille escus. Vous croyés b ien qu' i l y fera faire quelqu ' apartement nouveau, et qu ' i l ne s ' en tiendra pas à la moderation de son devancier. On doit travail ler la semaine procheine aux affaires des creanciers de feu Monsieur mon maistre53• J ' y suis pour vint et quatre mil l ivres de gages, je voudrois bien qu' on me fist j ustice sur cela, j ' y feray de mon mieux. 'Je n ' ay plus rien à vous mander sinon des compliments de vostre fille54, de mon fil s aisné55 et de vous asseurer que je suis de tout mon ceur et sans reserve tout à vous. "1 On indique par le terme « diane » une batterie de tambour, une sonnerie de clairon ou de trompette exécutée à la pointe du jour pour réveiller les soldats ou les marins. Cf. le Trésor de la Langue Française informatisé, consultation en l igne (TLFi), s.v. diane. " Nicolas Foucquet; cf. la lettre 47 1 , note 1 9. " Michel Particelli, sieur d' É mery ( 1 596- 1 650). Fils de marchands, i l fut un surintendant des finances fort détesté. La maison dont il est question ici devrait être celle que Particelli avait achetée en 1 645 au sieur de Montauron. Elle était dans le domaine de la Chevrette, tout près de Paris. Sur ce personnage, cf. les Historiettes de TALLEMANT DES RÉAUX, op. cit., t. II, p. 537-542 et p. 1 347. Le sieur d' É mery (ou d ' Hémery) possédait aussi une maison à Paris, au bout de la rue Croix­ des-Petits-Champs. Cette maison devint ensuite l 'hôtel de la Vril lière, puis celu i du comte de Toulouse, enfin l' hôtel de la Banque de France. Cf. A. M. DE Bo1suSLE, La place des Victoires et la place Vendôme, notice historique sur les monuments élevés à la gloire de Louis XIV, Nogent-le-Rotrou, Impr. de Daupeley-Gouverneur, 1 889, p. 42, note 2. " Le duc Gaston d' Orléans, mort le 2 février 1 660. " Il s'agit vraisemblablement d'une fille du baron de Sainte-Frique que Bailly avait baptisée ou dont il était le parrain. '' Charles-Emmanuel-Crestien de B aud. Né en 1 653, l 'enfant décéda au début de l' année 1 66 1 ; cf. l a lettre que le baron de Sainte-Frique écrivit le 25 février 1 66 l : « Madame . . . la perte que j ' ay faite du mon fils ainé m ' a donné tant de douleur depuis six semaines que

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