La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introducrion 37 le pl us le prélat fut la pauvreté matérielle et spirituelle de l a région. Le pays, « fort délicat, et fort divisé » (lettre 46 1 ) , « où l ' on n ' a[vaitJ jamais ouï parler de courriers, ni de postes » (lettre 460), parut au nouvel arrivant irrémédiablement « perdu » parmi les montagnes (lettre 499) et « eloigné du commerce du monde » ( ibidem )'�. De pl us « l a nonchal ance de [ s ] es predeccesseurs, et les spoliateurs de la Chambre Apostolique avaient reduit en un pitoiable estat » les biens de l 'évêché (lettre 506 ) , tandis que la plupart des prêtres et des curés, peu nombreux d' ail leurs, menaient une vie non conforme à leur état (gazette 5 0 1 ) . Ce fut en présence d' une situation si critique et si délicate que la cour de Turin choisit Albert Bailly comme évêque ; il était l ' homme probablement le plus apte à affronter ces problématiques, puisqu' il possédait au moins trois bons atouts : il était fort dévoué à la Mai son de Savoie et avait un rapport personnel enviable avec la duchesse Christine ; il n 'était pas mal vu du Saint-Siège, qui appréciait son action pastorale en ligne avec les dispositions tridentines ; il avait un caractère et une attitude qui l u i gagnèrent rapi dement la faveur des Valdôtains, pour lesquel s il se prodigua inlassablement dans la défense de leurs droits. Malgré les conditions pén ibles dans lesquelles Mgr Bai l l y dut exercer son ministère, cela ne l ' empêcha pas de continuer ses relations épistolaires avec Turin. Il est vrai qu' après 1 659, les gazettes se raréfient au profit de la lettre proprement dite, que les fastes de l a cour de France cèdent le pas aux événements souvent moins éclatants de la Vallée, que les médiocres beautés locales ternissent devant celles de la vieille Lutèce (cf. l ettre 462) et que Paris vaudra sans doute une messe à tout jamais, mais Aoste aussi finit par charmer son évêque. En effet, après des débuts décevants, notre prélat apprit à 9 mars, il reçut sa consécration épiscopale dans la Cathédrale de Turin par Mgr Giulio Cesare Bergera. archevêque de la ville, assisté par Mgr Paolo Vincenzo Rotario, évêque d'Asti, et par Mgr Filiberto Milliet. évêque d ' I vrée. À la cérémonie partic.ipèrent « Madama [Reale], e moltissimi Cavaglieri, e dame della Corte, et innumerabil popolo » (A.S.V. , Nunziatura di Savoia, n° 79, f" 67r . avis du 1 3 mars 1 659 ; cf. aussi ibidem, f0 5 2 , avis du nonce Tommaso Vecchi, du 1 6 janvier 1 659). 84 Dans le Mémorial que le Duché d'Aoste présenta à Turin le 20 décembre 1 662 à l ' occasion du donatif demandé par Charles-Emmanuel Il pour son mariage, Bailly et les barons de Vallaise rappellent encore la condition de « ces pauvres peuples . . . reduits à la derniere necessité pour n ' avoir presque plus de terre à cultiver non seulement à cause du peu d'etendue de leur Valée tres estroite, des to1Tens et ravvines d'eau qui se precipitant du haut desmontaignes emp011ent et ravagent leur peu de biens, mais sur tout ne treuvant quasi plus d'argent dans la province faute de passage et de commerce » (A.S.T.. Camerale Piemonte. Patenri Conrrollo Finan;.:e, registre 1 4 1 , année 1 662 « Reg[istr]o 4 ° dal p0 Agosto 1 66 1 sino li 30. Xmbre 1 662 ». f0 233r).