La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

88 Corre.1pon.dance d 'A. Baillv - 1659- 1663 Dfom] Joan d ' Autriche 1 '1 a esté ici deux jours20• sa charge, Bussy ne put sortir que pour se retirer dans son chfüeau bourguignon. Cet exil causa à Bussy une humiliation et une peine insuppo11ables : il ne fit plus à Paris que de cou11s séjours. JI décéda en 1 693 à Autun. Cf. Dictionnaire du Grand Siècle. sous la direction de F. Bluche, 1 Paris], Fayard, 1 990, p. 252, s.v. Bussy-Rabutin : F. A. MARTENS, Bussy-Rabutin mémorialiste et épistolier, s.l., Cabay, 1 984. D' après les Mémoires de Roger de Rabutin, comte de Bussv . . . (t. I l , p. 95 de 1 · éd L. LALANNE, Paris, Charpentier. 1 857, 2 vol.J, le comte de Soissons se moqua un jour de Vivonne et d' autres jeunes seigneurs qui voulaient le persuader que l'amour du roi pour Marie Mancini était un sentiment à favoriser. '" Juan d ' Autriche ( 1 629- 1 679) , fil s naturel du roi d' Espagne, Philippe IV, et d ' une comédienne, Marie Calderon. JI fut l ' un des plus grands hommes de guerre que l ' Espagne eut à cette époque-là. C'est lui qui s'empara de Naples révolté en 1 648, et de Barcelone en 1 652. Nommé gouverneur des Pays-Bas à la place de l archiduc Léopold, en 1 656, il en fut rappelé en 1 659. Turenne parvi nt à le battre à la bataille des Dunes, en 1 658. I l n ' eut pas plus de chance quelques années plus tard, en 1 663, au Portugal. lorsqu' il perdit la bataille d' Estremoz. D isgracié par la régente après la mort de son père ( 1 665 ), Juan d· Autriche se mêla aux intrigues qui travaillèrent la minorité de Charles I I (fils et successeur de Philippe IV). auquel il s' i mposa par un coup d' état, en 1 677 : dom Juan devint ainsi le premier caudillo de l ' hi stoire d'Espagne. Dans l'exercice du pouvoir, il fit preuve d'incapacité et de brutalité. Cf. J. C A L V O POYATO, Juan José de Austria. Un ha.1·tardo regio. Barcelona. Plaza & Janés, 2002. '" On attendait depuis des mois ce personnage, qui visita Paris au cours de son voyage de Bruxelles à Madrid. À la mi-février. le baron de Sainte-Frique avertissait déjà : « D. Joan d'Autriche est encore en Flandres et ne doit passer que vers Pasques : il attend l' arrivée et I 'establissement de l' archiduc Sigismond qui vient commander en Flandres en sa place » (GRAl7ZARO, Con-e>pondance inédite du baron Henry de Baud de Sainte-Frique. 1 653-1663, mémoire de maîtrise cité, dossier LXXXH/B, p. 2 1 3-2 1 4, lettre datée de Paris, 1 4 février 1 659). Puis, il y eut un moment où Don Juan songea à passer par la France i ncognito, au grand soulagement de toute la cour de Louis X I V. Seulement à la suite de méprises successives, i l se présenta finalement à Paris, où i l fut accueilli avec un vif empressement par Anne d ' Autriche. Cf. les Mé111oires de Mademoiselle de Montpensier, éd. par A. CHÉRUEL, Paris, Carpentier. 1 858- 1 859, 4 vol., 1. III, p. 361 ; et aussi les Mémoires de Madame de Motteville, op. cit. , p. 475-476. La lettre que Mazarin envoya à son collaborateur Milet , de Paris le 7 mars 1 659, rend compte des problèmes causés par cette visite : « . . .j ' ay esté bien surpris de voir que le Seigneur don Jean se disposoit à passer icy et à voir Leurs M'"' sur ce que vous luy avez faict cognoistre le desir que la Reyne en avoit ; car Elle m'a dict qu'Elie ne vous avoit tesmoigné cela en aucune façon. et aprez la declaration que Jedict S' don Jean avoit faicte de vouloir estre entièrement i ncognu, de ne vouloir pas passer par Paris ny saluer la Reyne en cette conjoncture, et que le plus grand plaisir qu'on lui pust faire, c'estoit de ne faire pas seulement semblant de sçavoir qu'il passast par la France, . . . nous estions bien esloignez de nous attendre à un changement si grand et si soudain qu'il est porté par vostre lettre . . . laquelle, je vous replique, nous donne bien de l'embarras ; car on n ' est préparé à rien, et d ' ail leurs il y auroit assurement de grandes difficultez à surmonter si le seigneur don Jean avoit à faire la reverence au Roy et à se voir avec moy, y ayant apparence qu' il prétendroit des choses