La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 566 1 1 9 tat qu'elle n' est, et cela est l ' ouvrage du temps. Vous estes sage; je vous prie de prendre la peine de me confier vos dernieres pensées là dessus, et à nul autre. Chacun fait pour soy, et j e pui s me vanter qu ' aux choses qui regar dent les i nterests de celuy qui m ' a fai t l ' honeur de m'emploier en cette ne gotiation, je ne considere que ses advantages. Qu ' i l en soit bien persuadé et surtout', Monsieur, croiés, je vous conjure, que vous devés, en vostre par ticulier, compter sur moi comme sur l ' home du monde qui est plus verita blem[ent] et plus respectueusement, Monsieur, v [ost]re tres humble et tres obeissant serviteur. D. Albert Evesque d ' Aoste (f° 1 v) J' ay gagné mon procés', et je partirei pour Aoste lundi ou mardi pro chein". Je crois que M. R . serat7 bien maintenant persuadée du vray sujet de mon voyage. La persone que vous sçavés' parti t sammedi passé9 du grand mattin dans ' Cf. n. 2 de la lettre précédente. 6 Le 3 1 mai ou le ) '' juin 1 666. 7 Le texte de T.G. FENNELL, La morphologie du futur en moven français ( Genève, Droz, 1 975 ) n'atteste pas cette forme. Toutefois on peut trouver une forme dolerai ( le futur du verbe clouloir) clans Sylvius. Cf. J. DUBOIS, Introduction à la langue.fiwzçaise suivie d 'une grammaire ( 1 5 3 1 ), texte l atin original, traduction et notes de C. Demaizière, Paris, Cham pion, 1 998, p. 352. ' Il s'agit certainement de Jeanne de Trécesson, fille naturelle du duc d"Orléans et nièce de Su zanne du Plessis-Bellière (maîtresse du surintendant Fouquet). Présentée par Bailly et envoyée à la cour de Turin, elle y arriva vers 1 658, formellement en qualité de fille d'honneur de la du chesse Christine, mais secrètement elle avait été chargée par Fouquet d'espionner la cour tu rinoise. Dès son arrivée elle se fit remarquer pour sa beauté et son élégance et en peu de temps elle devint la maîtresse de Charles-Emmanuel II. Jeanne de Trécesson fut à l'origine de nom breux scandales, entre autres celui qui lui coûta l'amour du duc et le bannissement de Turin. Lasse d'un amour déjà ancien, elle fut bientôt séduite par les charmes du marquis de Fleury (sur ce personnage cf. n. 2 de la lettre 567), favori de la cour, et entretint avec ce dernier des relations clandestines que favorisait la contiguïté de leurs logements sur ! ' actuelle place San Carlo à Turin. Lorsque cette relation fut découverte, e l le dut affronter la colère de Charles Emmanuel Tl, qui la bannit de ses É tats. Elle se rendit au couvent de la Visitation d'Annecy, où le duc avait donné l'ordre de la surveil ler discrètement. Elle y aniva le 1 8 septembre 1665. et fut logée à l ' intérieur de la clôture, dans un appartement séparé de la communauté. Les ren seignements que nous avons sur son séjour sont contenus dans la correspondance que la mère supérieure de ce couvent, Marie-Aimée Rabutin, entretint avec la cour de Turin. Au début Jeanne semblait bien vouloir se consacrer à la v ie religieuse, mais son repentir n'était pas sin-
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