La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 601 D' Aoste, ce 30 avril 1 670. 1 95 tres humble, tres obeissant et tres ancien serviteur, et sujet D. Albert Evesque d' Aoste if' J v, mwJ?e droite, main de Bailly) Je supplie V. A.R. de lire particuliere­ ment une elegie qu i est intitulée «Pieuse s imi li tude» "4. , Ce passage a été écrit verticalement dans le sens de la hauteur de la page. ' Ce poème se trouve aux pages 57-58 du Poèle Mêlé. Nous avons consulté cet ouvrage dans ta copie qui est conservée à la B ibliothèque Publique et Universitaire de Genève, sous l a cote HF 227 A, microfi lm F 548 (2). e t qui est l' unique copie q u e nous avons pu repérer jusqu'à présent. Nous proposons la transcription de ce poème ci de suite: «Une grosse onde pousse un vaisseau, dans le port. Un autre. dedans l ' eau. repousse ce navire. Un flot semble l ' aller, par un plus grand effort. Briser contre un ecueil. un autre l 'en retire. Et le jette bien loin. au milieu de la mer. Et le vaisseau ne peut perir. ni se sauver. Certainement voil ù de ce Monde l ' image. On y trouve par tout, la bonace. et ! 'orage. Ce trompeur nous presentc et le bien. et le mal. Ils sont ensemble unis. par un ordre fatal . C'est la condition de !' home sur l a terre. Il voit, à ses côtés. et la paix, et la guerre. Et son malheureux sort. pour l ' accabler de maux, Luy met devant les yeux, le trouble. et le repos. Sans qu ' i l puisse jamais separer l ' un de l ' autre. L'autre Monde n · a pas ce destin. c' est le nôtre: Le repos. dans le Ciel. est dans sa pureté. Le trouble. dans I' Enfer. est dans 1 · extremité: Dans le Monde. tous deux sont attachez ensamble. Dedans un même cœur, cette couple s ' assemble. Non, les mortels n'ont point le seul repos. en eux. Ils ne sont pas aussi. tout ù fait, malheureux. Mais ces extrcmités. q u· ici bas. un Dieu lie. Rompront leur union. quand nous perdrons la vie. On sera tout à fait. heureux, dedans le Ciel. On boira, dans ! 'Enfer. la pireté du tïel. Allons au Ciel. fuyons ! ' Enfer. et ses supplices. Pratiquons les vertus: ce sont ces exercices. Qui nous doivent ouvrir l'heureuxchemin des cieux. Et nous fermer celuy de ces horribles lieux. De ces noires prisons. où les ames damnées Verront durer toüjours. leurs dures destinées.»