La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
202 Correspondance d 'A. Baill_1· - 1664-1672 Il y a grande difference, Monsieur, entre costitutions canoniques, et consti tutions apostoliques; celles là sont fondées dans les definitions des anciens conciles, et celles-ci sur l ' autorité et puissance absolue des Souverains Pon tifes; celles là etablies dans les regles de l ' ancien droict canon, celles-ci de pendent de la volonté, et pleine puissance des Papes; les premieres apuiées sur un droit legitime, et naturel , les autres sur une forme de concession pre caire et gratuite. Les premieres ne se changent point. «Privilegia, - disoit S [aint] Leon Pape 1 1 à l 'empereur Marcian12-, Sanctourum Patrum Canonibus11 instituta et coet[era}, nul/a possunt novitate mutari, les autres qui 1 mandata Pontf{icum respiciunt, possunt mutari»11• Cela presupposé, les Val d'Aostains croient estre fondés de droict commun"', c' est à d ire en ces ancienes consti tutions canoniques, d'appeller aux j uges seculiers, et c 'est ce qu' ils veulent dire, que j ugeant des interests \temporels ou mix tes/ des ecclesiastiques, ils ne blessent point les constitutions canoniques (et la Bulle In Coena D[omi]ni mesme, excepté, quod notandum est, de son excommunication [ etcœtera. et cœtera] 14 ceux qui sont fondés en droict commun, par ces parolles, Praeter Iuris communis disvositionem") mais les Estats n ' ont point parlé de la Bulle 'Coena' , qua est ab homine a Papa qui potest eam ad nutum revocare. Aussi ne l ' ont ils pas receue0 / (f0 l v)P en sorte qu' on n ' en a jamais ouï parler depuis 1 1 Il s'agit de Léon l" dit le Grand, docteur de l' É glise (?-46 1 ). Il a laissé des lettres qui ne sont pas i nnovatrices du point de vue théologal, mais révèlent, ainsi que , ses sermons, un moraliste clair et plein de force. Léon le Grand fut proclamé docteur de l'Eglise par Benoît XIV en 1 754. Cf. G. MORONI. op. cit. , t. XXXVIII. p. l l - 1 5 : M. MOURRE, Dictionnaire en cyclopédique d 'histoire, Paris, Bordas, 1 997, 5 vols. t. III, pp. 3242-3243. 1' Il s' agit de Flavius Marcianus ( 396-457 ) , empereur d'Orient. Soldat de fortune, il suc céda à Théodose II, dont il avait épousé la sœur, Pulchérie. Il fut un homme d'état énergi que et il assura à l'empire une grande prospérité par ses reformes financières. L'empereur Marcian refusa de payer le tribut qu'Attila lui voulait imposer, et par conséquent ce dernier fut obligé de s'éloigner. Dans le domaine religieux, il combattit le mo n _ ophysisme, fit triom pher la foi catholique au Concile de Chalcédoine; pour cette raison l'Eglise grecque l ' a ca nonisé, ainsi que sa femme Pulchérie. En particulier il entretint des très bonnes relations avec le pape Léon le Grand (voir la note précédente). Cf. M. MOURRE, op. cit. , t. III, p. 349 1 1 1 « Privilegia enim Ecclesiarum, sanctorum Patrum Canonibus i nstituta, et venerabilis Ni caenae synodi fixa decretis nulla possunt improbitate convelli. nulla novitate mutari ». Cf. Sancti Leonis Magni Romani Pont(ficis operum genuinorum pars a/tera, continens S. Pa tri Epistolas. Sancti Leonis Magni Romani Pontificis Epistolae, Epistola ClV Ad Marcia num Augustum, dans Patrologia Latina, vol. 54, p. 1 149, cap. Ill. 1' Le signe d'abréviation qui figure à cet endroit se prête à plusieurs i nterprétations. Il pourrait également constituer un rappel pour une portion de texte écrite sur un feuillet à part. aujourd' hui perdu. Nous remercions Mlle Maria Costa qui a bien voulu nous suggérer cette interprétation.
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