La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Letrre 607 2 1 1 vostre Senat de Savoye et je disois que ce soubçon [sic] n ' avait aucun fon­ dement, et que pour me rendre coulpable, il aurait fa llu que Mons[ieu]r le Nonce heust7 des preuves manifestes contre moy, estant une maxime ap­ preuvée par tous les j urisconsultes qu ' on ne peut pas condamner un enquis sur des apparences, et qu' il faut avoi r pour cella des preuves plus claires que le soleil, et Mons[ieu]r le Nonce n ' en a heu et n ' en" aura jamais aucu­ nes de cette force, car mon nom ny mon intervention n ' on t j amais paru dans toutte cette procedure. li est bien vray, Monseigneur, que ce / (f0 1 v) fi scal ne treuvant icy aucuns j ureconsultes qu i voulussent escrire en droict en sa faveur par les terreurs paniques que leur causoient les affiches ful minantes que Mons[ieu]r le Nonce fai sait attacher par toutte cette ville , il heust re­ cours à moy ( sçachant que j' avois heu autres foys, estant au monde, quel­ que teinture des principes de la j urisprudence et du droict canon) et me pria de reprendre pour sa deffence ma premiere qualité d' advocatx. Je fis donc quelques escripts pour l uy, qui ont paru à Turin et à Chambery9, et si cette protection que je luy ay rendue dans son extreme necessité est accompa­ gnée de crime, et peut m ' attirer les censures de Mons[ieu]r le Nonce, il fau t necessairement appreuver ces deux grandes absurdités. La premiere que le droict naturel et divin qui nous commande à tous d ' ayder notre prochain dans son besoin est fa utif, et la seconde que tous les advocats que les Se­ nats donnent aux criminels mesmes de leise majesté pour les deffendre avant que de les condamner participent aux forfa icts de ces malheureux . Ma seconde raison qui marquait la nu l lité de cette copie, soit citation, es­ tait establie sur le terme et court espace de quinze jours que le Nonce me donnait pour aller à Chambery et y fa ire casser par le Senat, dans ses regis­ tres, touttes les provisions qu' il avoit donné en l ' affaire du Fiscal car, Mon­ seigneur, ces quinze jours pouvoi [e]nt bien suffire à faire prendre celluy qui avoit heu la temerité de demander cette cassation, mais non pas pour la luy faire obtenir, outreque, parlant serieusement, i l fal lait faire ce voyage le ' Ces formes attestent de la présence occasionnelle d'un h orthographique savant dans un verbe qui s'est conservé sans h. P. FOUCHÉ, op. cit., vol III, pp. 578-579. l i est à remarquer que le copiste de cette lettre n ' utilise cette forme que dans ce document. ' Bailly avait effectivement étudié la philosophie et le droit à Chambéry. ' Il pourrait s ' agir du Factum raisonné du Reverendissime Evesque d 'Aoste Bal/y pour la defense de sajuridiction temporelle. contre le sieur Pmcureur Fiscal de S.A.R. au bail/age d 'Aoste, le sieur Jean Carrel. Une copie de ce factum se trouve dans B.R.T., Ms. St. P. 542, cit., pp. 1 2 1 - 1 28.

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