La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
2 1 4 Correspondance d 'A. Baill_v - 1 664 - 1672 du peuple que ce n'estoit pas de son chef qu'il avoit publié ladite bulle, mais par ordre de Mons [ieur] le Nonce residant à Turin20; les actes authentiques sont entre les mains de Mons [ieur] le chevall ier Pane Albo, d ' où i l faut ti rer cette verité i nvincible, que les appellations comme d ' abus des procedu res des Nonces sont en usage dans ce pays presque dés leur estab l issement prés les royales personnes de nos Serenissimes Princes21 , et il ne faut pas que Mons[ieur] le Nonce oppose, pour purifier sa citation, qu ' y ayant i n seré q u ' i l seroit procedé à l ' execution de cette c itation par moy ou par quelqu' autre, ce terme de ' quelque autre' monstre que j e n ' ai pas esté c ité personnellement; car ma personne est tousjours citée, et ce 'quelque autre' est comme un i ndividu vague, et du stile qui n' exclut poinct la citation per sonnelle, car, presupposé que personne n ' eust voullu se charger d' une com mission aussy perilleuse que celle dont i l s ' agit, comme i l n ' en faut pas / (f°2v) douter, i l auroit fa l l u que j e l ' eusse executée moy mesme pour ne pas encourir les censures de Mons[ieur] le Nonce. Enfin, j ' ay preuvé la nulli té de cette c i tation par l ' impossibilité morale de faire casser les decrets du Senat, à quoy le Nonce m' obligeoit, et c ' est une maxime que personne n ' est obligé à l ' impossibilité22• 211 «Sur quoy ledict Seigneur Reverendissime a respondu et dict n ' avoir faict publier pour ce regard ladicte bulle, ains en vertu d'une lettre de Monsieur le Nonce, comme desja il au rait faict par trois aultres diverses fois pour l 'obeyssance spirituelle et temporelle, et que neantmoins en vertu d' icelle il n ' aurait excommunié personne». Cité par E. F. B oLL AT I , op. cit. , t. II, pp. 32-33. Le nonce était à l'époque Vincenzo Laura, évêque de Mondovi ( 1 523- 1 592). Issu d ' une famille très humble i l se fit tout de suite remarquer par sa sagesse. n fut d'abord à Naples et à puis Padoue, où il se spécialisa dans les études philosophiques et théo logiques, ainsi que dans la médecine. li se rendit en France pour propager le catholicisme et il eut le bonheur de convertir plusieurs protestants calvinistes. U eut la charge de nonce apostolique en Pologne, en Suède et à deux reprises auprès de la cour de Savoie. li entre tint des rapports d ' amitié avec des personnages comme Charles Borromée, Philippe Neri, Ignace de Loyola, François Borgia et Torquato Tasso. G. MORONI, op. cit. , t. XXXVII, pp. 1 78- 1 80. (Cf. M. GROSSO e M. F. MELLANO, La Controriforma .. . , cit., t. 1, pp. 1 07- 1 3 1 ; M . MELLANO, L a Controriforma nella A rcidiocesi di Mondovi (1560-1 602), Torino, Stabili mento Grafico Impronta, 1 955, pp. 1 07- 1 36). " C'est par un édit du 3 avril 1 560 qu'Emmanuel-Philibert donna le pouvoir au Sénat de Savoie d'admettre les appellations comme d'abus et de pouvoir casser les sentences don nées contre les saints canons, au préjudice des juridictions ecclesiastiques et temporelles (C. P. PASSERlN o'ENTRÈVES, Appunti sovra alcuni privilegi e franchigie della Chiesa d'Aosta, Torino, Dissertazione di Laurea, Tip. San Giuseppe degli Artigianelli, 1 9 1 3 , p. 5 1 ). " On dit proverbialement à l 'impossible nul n 'est tenu. Cf. Dictionnaire de l 'Académie, cit., t. Il, p. 303.
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