La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

224 Correspondance d 'A. Bail/_\' - 1 664-1672 chaine, et que ne le faisant pas, on en appelle ordinairement comme d ' abus au Senat de Savoie, qui casse et annulle les retentions des causes en quel­ que tribunal de Rome que ce soit . V.A.R. me fasse, s' i l luy plai st, l a grace d' envoier cette lettre à Monsieur le Premier President de La Penouse de­ vant que Mr. Pane A lbo revienne et si je suis menteur, je veux perdre ma mitre. Il seroit à souhaiter, Monseigneur, qu ' on vous dit ces choses afin que la reputation d ' un Evesque, qui renonce en quelque maniere à ses i n terests pour conserver ceux de vostre couronne, fût hors d ' atteinte, et vostre j uris­ diction supreme conservée . Pour m ' expliquer plus c l airement, vos Serenissimes Predecesseurs n ' ont jamais souffe1t qu'on traduisit leurs sujets, au moins Savoiards, et Val d' Aos­ tains, à Rome, hors de leur païs, premierement pour conserver leur souve­ raineté, et empescher qu ' el l e ne fût blessée par l ' authorité que des j uges etrangers prendroient sur vos dits sujets5. El le se souviendra, s ' i l l u i plaist, de la vigueur que feu M. R. vostre mere montra en l' affaire du moine6 / (f1 1 v) qui avoi t voul u attenter à vostre precieuse vie, et qu ' I nnocent X1 vouloir fai re j uger à Rome, ou hors du Piemont, et dont cette Princesse me fit ' Bailly fait clairement allusion à l' affaire Pensa, déjà traitée dans les lettres précédentes. Sur cette question voir en particulier Introduction 3.2 . ' Il s ' agit d e Giovanni Gandolfo, u n Cistercien défroqué e t chassé d e son ordre car il s'oc­ cupait de magie. À la fin de 1 647. il avait écrit un almanach, L 'Accademia P l an e t a r i a , où il prévoyait la mort de la duchesse Christine et du jeune duc au cours de l ' an 1 648. Il fut accusé du crime de lèse-majesté et enfermé en prison. Le procès fut très long, parce que Madame Royale refusa de le faire juger par la cour ecc lésiastique de Rome, et voulut pu­ nir le coupable d'une façon exemplaire, en le faisant étrangler en prison et pendre par les pieds sur la place publique. La cour de Rome désapprouva ce traitement et refusa pendant longtemps d' absoudre les sénateurs qui l ' avaient condamné. Cf. L. GIACHINO, C o n: ! . no­ tamment l a lettre 22 (n. 1 ). 7 Giovanni B attista Pamfil i ( 1 574- 1 655), pape de 1 644 à 1 655 sous le nom d' innocent X. Successeur d'Urbain VIII, Pamfil i fut élu malgré ses sentiments anti-français: Mazarin ne réussit pas à faire parvenir son veto à temps. Devenu Pape, i l commença bientôt à persécu­ ter la fami l l e Barberini, à laquelle il devait pourtant son élévation au cardinalat. en accu­ sant quelques-uns de ses membres de détourner des biens publiques à des fins privées. Les cardinaux François et Antoine B arberini durent se réfugier en France, où i ls séjournèrent quelques années avant de pouvoir rentrer à Rome et d'exercer à nouveau leurs droits. Au­ tant Urbain VIII avait été favorabl e à la France. autant Innocent X prit le parti des Habs­ bourg. Durant son pontificat, les relations entre la France et le Saint-Siège furent toujours diffici les; l ' appui du Pontife au cardinal de Retz et, à travers lui, à la Fronde en est une dé­ monstration. Dictionnaire du Grand Siècle, sous la direction de F. BLUCHE, Patis. Fayard, 1 990, pp. 756-757; L. VON PASTOR, op. cit., t. XIV, pp. 1 3-307.

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