La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Letrre 612 225 l ' honneur de me demander mes foibles advis lorsque j 'estois encor à Paris8• En second lieu, vos sujets ne sont pas assés riches pour aller plaider à Rome, où les procés sont immortels, tant il y a des j uges differents auxquels on peut appel ler: et je su i s si pauvre que j ' aimero i s mi eux abandonner ma cause, toute infa illible qu ' elle est, que de l ' al ler soll iciter à Rome. Troisiesmement, il est de l ' interest de vos finances que l ' argent demeure dans ses estats, et n ' en sorte pas. Quatriesmement," en l ' affaire dont il s ' agit, où i l faudra entendre plusieurs tesmoins, [et trouver] le moien de les fa ire aller à Rome'1• Cinquiesmement, le Senat le leur defend par son arrest à peine de 1 000 li­ vres tournois. Enfi n, c' est bien un signe evident, Monseigneur, que ma cause est bonne, et que mes parties craignent de la perdre, puisqu' elles fuient le j ugement du Senat ou d' autres j uges que ceux de Rome. Je supplie tres humblement V . A.R. de daigner, s ' i l lui plai st, bien peser ces raisons, et de ne pas se prej udicier elle mesme en prestant l' oreille à des gens qui peut estre ne sçavent pas tout Je fond de votre pouvoir. Monsieur le G[ene]ral des Finances1 0 est tres capable, je prie V.A.R. de lui communi­ quer ma lettre, et de croire que j e persiste tousjours dans la parfaite resolu­ tion que j ' ai prise de me soumettre à ses commandements, qui seront si di­ gnes de V.A.R. qu ' i l s ne me feront rien faire d' i ndigne de mon caractere. Je suis avec tous les respects possibles, Monseigneur, de Y.A.R., ' Le 16 janvier 1 648, Bailly écrivait: « Je croiois de verser des larmes de joye à l 'ouverture de la lettre que V.A.R. a eu la bonté de m'escrire presque toute de sa main, quand la lecture de la plus horrible conjuration. et du pa1Ticide le plus atroce m'a fait pleurer de tristesse, et effacer ces chers, et pretieux caracteres de l 'eau de mes pleurs ». Malheureusement la let­ tre à laquelle il fait allusion ici n'a pas été retrouvée. Cf. L G1ACHINO. Con: /. lettre 22, p. 1 09. • Cette phrase est sans doute incomplète. bien que le suppm1 ne soit pas détérioré: on a donc reconstruit la lacune par conjecture d' après Je contexte de la lettre. '0 La nouvelle réglementation en matière financière proposée par Charles-Emmanuel I l eut comme effet la création de plusieurs nouvelles charges, entre autres celle de contrôleur gé­ néral des Finances, qui était préposé à la surveillance de l ' emploi de l 'argent publique. Ce remaniement concernait le Piémont plus que la Savoie. qui se gouvernait par elle même. L'organisme suprême auquel le contrôleur faisait référence était Je Conseil des Finances, dont les représentants les plus puissants étaient le premier président, le général des Finan­ ces et le surintendant général des Finances. En 1 673, Giovan Battista Truchi ( nous avons identifié ce personnage à la note I O de la lettre 576) fut nommé premier président. cr. E. Rlcorn, op. cil . . t. VI. pp. 328-330.

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