La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

232 Correspundonce d 'A. Bailly - 1664-1672 Je viens de recevoir, Madame, la visite de cette i l l ustre troupe. Cela avoit fait intenompre ma l ettre, je la continuerei pour dire à V.A.R. que cette du­ chesse est tousjours assés bien faite, mais elle est fort maigre, et petite. Sa tristesse est extreme, le Duc son frere 12 m' a dit que le duc Masari nu a pro­ digué huict mi l lions, que sa sœur va en France pour obtenir de la j ustic e du roy 14, une pension pour pouvoir subsister à Rome selon sa condition 1 5 , où infailliblement elle doit retourner pour l a Noe! procheine16, et qu ' il s re­ passeront par i c i . Cette femme m ' a fait pitié, elle va à cheval , je l ui en ai presté un, et un autre au Duc. Voi là, Madame, un etrange changement. La plus chere niepce, la p lus / ( f02v)" riche de toutes 17, car elle a porté en dot s i x millions de l ivres à son epoux, ne subsiste à present que par les secours qui l u i v i enen t de l a char i té de son frere, et du Cardinal son onc l e 1 8• tre Charles-Emmanuel Il et Hortense Mancini. Cf. E. R1corr1, o p . cit., t. VI, p. 1 55 et P. Ci­ FARELLI, Corr. V, p. 20. 1' Philippe-Julien Mancini. 1., Armand-Charles de la Porte, marquis de la Meilleraye ( '1- 1 7 1 3 ) . li avait épousé Hortense Mancini, la nièce préférée du cardinal Mazarin, à condition qu'il porte les armes de la fa­ mille Mazarin, outre le titre de duc de Mazarin. Toutefois i l dissipa toute la fortune que le Cardinal lui avait léguée lors de son mariage. Il fut un mari fort médiocre et très jaloux, ce qui causa la séparation et la fuite de sa femme de Paris. Cf. D E LA CHENAYE DESBOIS, B A ­ DIER, op. cit. , t. XVI, p. 1 88. 1" Louis XIV ( 1 638- 1 7 1 5), roi de France. 1' La duchesse de Mazarin se trouvait dans une position fort incommode. Le duc son mari s'était emparé de tous ses biens, ainsi que de toute la vaisselle d'argent, des meubles et des nippes de prix. Normalement Hortense jouissait d' une pension de 600.000 francs par an, mais après sa fuite de Paris suite à l ' abandon du domicile conjugal, elle était restée sans re­ venus. Lors de son voyage à Paris, à l'occasion du mariage de son frère Philippe-Ju l ien Mancini avec Mlle de Thianges, elle était bien décidée de demanderjustice au roi pour ob­ tenir une pension convenable à son état. Louis XIV, qui n ·avait pas oublié son penchant pour la bell e Hortense, l u i offrit une pension de 24.000 l ivres par an, mais il la pria de de­ meurer à Paris. Toutefois elle refusa l ' offre d'arbitrage que le roi lui proposait et surtout elle refusa de retourner avec son mari, même à la prière du roi, et elle partit à nouveau pour Rome. H . P EN S A , op. cit. , p. 77. 1" Sur la graphie de ce mot voir la note 4 de l a lettre 552. 11 Mazarin était en effet très lié à sa nièce Hortense, et i l le montra lorsqu' i l fit d'el le son héritière universelle. Io., op. cit. , pp. 42-44. " Jules Mazarin ( 1 602- 1 66 1 ) , cardinal. Nommé ministre d'état, i l gouverna la France pen­ dant la régence d' Anne d'Autriche, jusqu ' à la majorité de Louis XIV. Parmi les nombreux ouvrages traitant de ce personnage et cités dans les volumes renfermant la correspondance parisienne de Bail ly, nous nous bornons à citer ici les deux suivants: M. LAURAIN PoRTE­ MER, Études mazarines, Paris, Diffusions du Boccard, 1 98 1 ; Io . . Une tê!e à gouverner qua­ tre empires, Paris, chez l 'auteur, distribué par la Librairie des Alts et Métiers- É ditions, 1 997.

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