La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

256 Correspondance d 'A . Baillv - 1664-1672 Lettre 628 A. S .T., Corte, Lettere Vescovi, liasse 20, fasc . 7 , lett. 55 Destinataire: Lieu et date d 'envoi: Date de réception: Support: Autres mentions: Monseigneur, Charles-Emmanuel II Aoste, 1 8 octobre 1 67 1 30 octobre 1 67 1 un bifeuillet (f°2v blanc ) l ettre écrite par autre main, mais avec signature e t date de la main de Bailly. f'2v, main E: Evesque d'Aouste. 1 8 octobre 1 67 1 . 30. Jamais home ne fut plus surpris que je l ' ai esté ce matti n, lorsque faisant ouvrir les fenestres de ma chambre à la pointe du jour, j ' y ai veu entrer Diane, couronnée de toutes les lumieres. «Tien [s] -m' a-t-elle dit- ces deux bouteil les pleines du propre nectar que boivent les dieux, et envoye les à ton souverai n. Les l i s qui croissent dans l es Champs El isiens en sont arro­ sés, et c ' est pour cela qu ' i l s sont blancs comme le nectar dont i l s sucent la substance et prennent la couleur. Tu sçais l a retorique, et que, \dans/ une anagramme, i l est permis de changer une lettre à une autre. Cela estant pre­ suposé, ton maistre est un l i s , cher à nous autres deités, car en changeant l' A de son nom en un 1, il s ' en fait un Cher Iis" 1 • Il doit donc estre souvent arrousé de la mesme l iqueur que nous distilons sur les l i s de nos parterres pour conserver et augmenter la blancheur, et la fraischeur de cette premiere fleur de tous les j ardins / (fD 1 v ) de l a terre» . Achevant ces mots, elle dis­ parut à mes yeux comme un eclair. Je me saisis des bouteil les, et les en­ voye à V. A. R . . J 'oubliois de dire à V.A.R. que cette deesse me dit de vous representer, Monseigneur, qu' i l estoit de vôtre prudence de boire moderê­ ment ce delicieux nectar, affin qu' il dure, pour deux rai sons. La premiere à cause que vous n ' en boirés pas de longtemps dans la source. Les dees­ ses qui sont preposées au sort des humains' aiant ordre de Jupiter, et de la ' La fermeture du groupe -ar en -er est un trait distinctif des dialectes de l ' Est de la France. P. FOUCHÉ, Phonétique historique dufrançais, Paris, Klincksieck, l 969, 2 vols., t. II, p. 446. ' Les Parques (Atropos, Clotho et Lachésis) étaient à Rome, les divinités du Destin. P. GRI­ MAL, op. cit., p. 300 et p. 348.

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