La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Letlre 642 289 differée j usques à la fin de la neufvaine, mais la sainte impatiance de tant de sçindics unis ensemble I (f02r) et leur grande foy leur aiant fait desirer et suppl ier qu ' el l e se fit dés le landemai n , second jour de la neufvaine or­ donnée. on contenta leur devotion, la procession se fit, et la chaleur estoit si grande que l ' eau de la sueur nous couloit de toutes parts. On prescha, on fit faire de longues prieres. Ces pauvres paysants attiroient nos l armes par les leurs qu ' i l s versoient abondamment, on leur donna la benediction so­ lemnelle à la fin de la predication, leur aiant fait faire à tous auparavant un acte de contrition . I l s s ' en retournerent sous leur etendars avec la mesme pieté et mortification qu · ils estoient venus, mais inspirés, et comme persua­ dés qu ' i l s auroient de l a pluie. I l s ne furent pas frustrés de leur sainte espe­ rance. Le ciel se couvrit de gros nuages, le tonnere gronda, et quand ces bonnes gens furent de retour dans leurs maisons, dont les unes estoient eloi­ gnées p l us de sept ou huict lieues d ' i c i , i l tomba une grande abondance d ' eau, Dieu, ce semble, en aiant suspandu la chûte seulement pour donner le temps à ces peuples de se retirer et d' evi ter ces aimables et feconds de­ luges. Voilà, Monseigneur, deux vrai [s] mirac les, il est des subtils qui les appelleront simples graces. Cela me suffit pour leur faire dire que ce sont des m iracles, car les plus sçavants enseignent et croient que miracle et grace sont des mots s i nonimes et ne different que du plus, et du moins, l ' un et l ' autre estants produits d ' une maniere surnaturelle et divi ne, et tout ce qui se fait absolument sans le secours de la nature, et par dessus ses forces, s ' ap­ pelle grace, ou miracle, et il est sans doute que les choses qui arrivent à l ' im­ proviste contre toute aparance, et sur tout contre l ' ordre de Ia nature qu ' on ne voit point disposée, n i assés vigoureuse pour produ ire ces effets extra­ ordinaires, sont et doivent estre appellés miracles. C ' est, Monseigneur, ce qui justifie que la cessation du vent et la chute de la pluie, dont je viens de parler, sont deux vrais miracles, quoique dans le troisiesmeh, des m iracles, marche la sainte Caisse portée par quatre prêtres des principaux benetïciers de la Cathe­ drale, assistants aux deux cotés deux des plus anciens chanoines revetus de riches chappes et i mrnediatement devant la bande des violons, puis suit le saint Chef porté par deux au­ tres chanoines pareillement revetus. et puis l 'évêque pontificalement avec ses assistants. Les instruments. les chants de musique. les cris de joie. l es applaudissemens, Jes cloches, les tambours. les mousquetades ne cessent point pendant la procession: et Ja j eunesse de la cité étant en armes marche de rang en très-bel ordre devant et aprés le clergé et la proces­ sion finie. le reste du jour se passe en fêtes et rejouissances. en prieres et devotion». Cf. L. COl.LlARD, La culture valôtaine au cours des siècles. Précis bio-bibliographique el mor­ ceaux choisis. Aosta. 1TLA, 1 976. pp. 94-95.

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