La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

28 Corrt'spondance d 'A. Bail/_1· - ]()64- 1672 son côté, l a Vall ée d ' Aoste représentait un cas tout à fai t part i cu lier, puisqu 'elle était considérée un domaine «non citra nec u l tra montes, sed in­ tra montes». Cette distinction géographique impliquait, sur le plan de 1' ad­ ministration, un statut j uridique à part qui fa isait de ce duché un territoire jouissant de coutumes propres, v i s-à-vis desquelles l ' au torité j udiciaire et admin istrative compétente en matière ecclésiastique était uniquement le Sé­ nat de Savoie, tandis que pour toute autre dispute les Valdôtains pouvaient faire appel soit au Sénat de Chambéry, soit au Sénat de Turin91 • 3. 1 Les privilèges de l ' Église valdôtaine Dans l ' acte de serment que chaque nouveau souverain prononçait lors de sa première visite au Val d' Aoste92, figurait une clause par l aquel le le duc assurait à son peuple de conserver et sauvegarder tous les biens et les droits de cet É vêché et de son É glise93• En effet, l ' É glise d ' Aoste jouissait d ' u n statut ecclésiastique propre, d ' une part e n raison d e s a position géographi­ que, d ' autre part à cause de sa soumi ssion spirituelle à l ' É glise métropol i ­ taine de Moûtiers à partir du Vlll" siècle ; or, ce d iocèse s e conformait aux usages de l ' É gli se gallicane. En 1 66 1 , le c lergé d ' Aoste fit défin itivement son choix avec la célèbre Déclaration du clergé d'Aoste, pour laquelle Mgr Bailly j oua un rôle détermi nant94• '11 A. ERBA, La Chiesa sabauda Ira Cinque e Seicento, Roma, Herder. 1 979. p. 6. '" J.-B. DE TILLIER, Historique . . . , cit. , pp. 1 35- 1 37. À propos des privilèges voir aussi le pa­ ragraphe 2. 2 précédent. '3 Une copie de l ' acte de serment prononcé par Charles-Emmanuel Il le 1 8 juillet 1 656 est aujourd'hui conservé aux Archives de l' É tat de Turin sous la cote Ciré er Duché d 'Aosre, liasse 5, fasc. 1 7. "' Mgr Bailly fut le défenseur tenace des privilèges de son diocèse. En 1 66 1 , le pape Alexan­ dre VII avait publié une bulle par laquelle il i mposait six dîmes à tout le clergé d' Italie pour la durée de dix ans. pour secou1ir !'Empereur contre les Turcs. Bailly, bien que fidèle au Saint­ Siège, refusa d'accepter cette bulle, puisque le duché d'Aoste faisait partie de la province ec­ clésiastique de Tarentaise et qu'il avait bénéficié jusque là de toutes les exemptions et de tous les privilèges accordés à la Savoie. Lors d' une assemblée plénière qui se tint le 1 8 août 1 66 1 . le clergé valdôtain rédigea sa Déclaration gallicane. Cinq jour après. Bailly écrivit ses «Ar­ gwnenta quibus probarur Ducmum a u g us t e n s e m esse extra Jta/iam». petit traité qui contient cinq motivations à soutien de son clergé. Ce fut seulement en 1 662 que la question se réso­ lut et que le clergé valdôtain fut considéré exempt du paiement des dîmes. Pour plus de dé­ tails et une biographie plus exhaustive cf. A. BAJLLY, L' É wt intramontain, cit.; L. CüLLIARD,

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