La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Mémoirf! 646 30 1 siegés et les fit capituler. J ' eus ordre d ' entrer dans la place et d'en écrire J ' etat. Elle est fort petite et incapable de grande garnison . Je la trouvei toute foudroiée de coups de canon. Le feu marquis de Saint Geran", qui s ' y etoit signalé avec son regi ment de quatre mille homes, amusa celui que le gover­ neur de la place 1" avoit envoié à Genes pour demander secours, et ai nsy, n' etant pas arrivé à temps, la place fut rendue. En cette mesme conjoncture, on prit ottage d ' assaut nonobstant la resistance de deux mille, et cinq cents neapolitains qui le defendoient. Quand il a p l ù, il est bien difficile de faire rouler le[ s ] canons tant les terres sont grasses et fangeuses. / (f'2r) Comme nous esperions prendre Genes, l ' armée espagnole nous vint aux trousses, et nous fit quitter prise. Du costé des Rivieres du Ponant nous prîmes la Pieve d ' assaut, et tout passa par le fil de I' epée. De là nous a l l ames assieger Albenga, qui se rendit aussi bien qu' Alazzo, Port Maurice, et Saint Remo nonobstant son beu chateau, sans coup ferir. I l n ' y eut que le chateau de Vingt-Mi ll e qui soutint le siege durant trois se­ maines, à la fin desquelles il se rendit. Je m' en dois bien souvenir car un coup de canon me couvrit de terre avec feu M. le comte Broglie 1 1 , pere d'une rel igieuse12 qui est au monastere de la Vis itation, derriere le duc Victor Amé qui visitait la place sur le soir. (j3v) D ' Aoste, ce 1 4 d ' Aoust 1 672. • Jean-François de la Guiche, sieur de Saint-Géran. maréchal de France. DE LA CHENAYF.­ DESBOJS, BADIER, OfJ. cit . . t. X. pp. 77- 78. '" Le gouverneur du fort de Gavi était Alessandro Giustinian i . Il répondit à l ' ultimatum de Charles-Emmanuel 1 en lui disant qu' il enverrait un ambassadeur à Gênes pour renseigner le gouvernement de la Républ ique sur le siège du fort. G. AMORETTI. op. cir. , t. IL p. 29. 11 François-Marie Broglia (Turin , 1 6 1 1 - 1 656), comte de Revel. marquis de Senonches. sei­ gneur de Brézolles et Tardais. lieutenant des armées du roi de France. gouverneur de la Bas­ sée et chevalier de l 'ordre de S.M .. Dès sa première jeunesse il entra dans la carrière mili­ taire sous le duc Charles-Emmanuel !" et. à !"fige de 1 8 ans. il prit part au siège de Gavi contre les Génois. Après la mort du duc. Broglia embrassa la cause du Cardinal Maurice et du Prince Thomas contre Christine. pendant la guerre civi le. En 1 654. Broglia fut natura­ lisé français, et grâce à 1 ·appui de Mazarin dont i l était l ' ami et le confident, i1 parvint en peu de temps aux plus hauts grades militaires. A. MANNO. Il Pmri-::.iato . . .. cit.. t. Il. p. 4 1 9: D. DE BROGLIE, Les Broglie. L eur histoire. Paris, É dition du Palais Royal, 1 972. pp. 68-8 1 . " Parmi les trois fil les de François-Marie Broglie, nous supposons qu'il peut être question ici ou d ' Anne-Louise ou de Christine-Françoise-Marie. Il ne peut certainement pas s'agir de la troisième. Christine, qui mourut quelques jours après sa naissance e n 1 65 1 . Anne­ Louise naquit à Paris en 1 65 1 et épousa François Birail. Christine-Françoise-Marie ( 1 655- 1 722) épousa Georges-Marie Costa en 1 67 1 , mais elle était dejà veuve au mois d'août 1 672. donc elle aurait pu être présente parmi les pensionnaires de la Visitation d' Aoste.