La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 29 Ce fut Lin Colliard qui, après avoir sou l igné l a distinction entre galli ca­ nisme «pratique et disciplinaire» et gall icanisme «doctrinal et théologique» , montra en 1 97 3 que la Vallée d' Aoste avait adopté u n gallicanisme «prati­ que ou politique»9\ qui consistait en la tendance des églises locales à conser­ ver une autonomie relative vis-à-v i s du processus de centralisation que Rome souhaitait; cela se tradui sait d ' u n côté par la défense des droits de l ' É glise locale autonome et fidèle à ses traditions liturgiques et disciplinai­ res, et de l ' autre par l ' affirmation que le Pape et l ' autorité ecclésiastique ne pouvaient aucunement s' ingérer dans les affaires relevant du temporel et de la politique contingente, dans les limites de l a sauvegarde de la foi et de la morale%. Pendant des siècles donc, la vie ecclésiastique locale fut rég lée, dans le domaine canonique, disciplinaire et l iturgique, par un système de privi lèges, de l ibertés, d' exemp tions, qui se réclamaient à la fois des privi­ lèges locaux, des l ibettés de l 'Eglise gallicane, de certaines exemptions pro­ pres aux É gl ises d' Italie et de l ' usage séculaire de la l i turgie locale97• Parmi les contenus principaux de ce gal licanisme «pratique», i l y avait le refus des décrets pratiques du Conci le de Trente, l ' i ngérence des magistrats laïques dans les causes ecclésiastiques et bénéficiales98 et la procédure de « l ' appel comme d' abus»99• La Déclaration gallicane du Clergé Valdôtain de 1661, Aoste, ù11primerie Valdôtaine, 1 973; Io., Mgr Bailly et le Gallicanisme l'(/ldôtain, dans Albert Bailly évêque d 'Aoste, cit., pp. 179- 1 90; G. MOMBELLO, La "Déclaration " de 1661 ù travers la correspondance de Mgr A. Bailly, dans Histoire et culture en Vallée d'Aoste, Mélanges offe11s à Lin Colliard. Quart, Musumeci, 1 993, pp. 2 2 1 -274; G. PUTIERO, Corr. Vil, Document 509 et passim. " B ien que défenseur des usages gal licans. Mgr Bai lly ne fut certes exempt de l' influence tridentine. Tl se préoccupa de réinstaurer les visites pastorales dans son diocèse et il fit de sa prédication une activité qui puisait sans cesse non seulement dans l 'esprit de la Réforme catholique, mais plus particulièrement dans la spiritualité salésienne. Sur Bailly prédica­ teur de la Réforme catholique cf. J .- P. L A N D R Y , Monseigneur Albert Bailly prédicateur de la Réforme catholique. dans Albert Bailly él'êque d 'Aoste. cit., pp. 1 49- 1 60. 96 Cf. A.S.T., Corte, Vescovadi, Aosta. liasse 2. fasc. 6, J.- B. DE TILLIER, Mémoire concer­ nant l ' Église, soit diocèse d 'Aoste, ses usages particuliers et ses libertés; BAILLY, L ' É tat intramontain, cit., pp. 6-7. " L. CHRISTILLIN, Le rite particulier et / 'autonomie de l ' Église valdôtaine. «Cahiers sur le particuhu-isme valdôtain édités par les soins des Archives Historiques Régionales, VI», 1 973, pp. 8-9. " G. R1CUPERATI, Cultura di.fimlliera e identità italiana ne/le vicende del Piemonte sette­ centesco, in Lafmntiera da Stato a 1w: io11e: il caso Piemonre, a cura di C. ÜSSOLA, C. R A F­ FESTIN, M. RICCIARDI, ROMA, BULZONI, 1 987, pp. 1 47 - 1 70. ''" En effet. l' É glise valdôtaine acceptait les canons établis par le Concile de Trente pour ce

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