La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

30 Correspondance d 'A. Buillv - 1 664- 1 672 Au cours des XVI" et XVII< siècles, l e s conflits entre l ' autorité civile et ! ' au­ torité tempore l l e furen t très fréquents � parmi ceux-ci le plus important concernait l ' i ntroduction des décrets du Conci le de Trente en Savoie et par conséquent dans le duché d' Aoste. Selon G. Castellari, dans ces régions les canons de discipl i ne promulgués par le Conci le de Trente ne furent j amai s acceptés 11'1 1 • D ' ai l l eurs, conformément aux anciens usages, par arrêt général du 1 0 aoOt 1 644 aucune bulle ou bref ne pouvait être ni publié, ni exécuté sans l ' approbation du Sénat de Savoie. Le cas le plus éclatant fut celui de la bulle ln coena Domini111 1 • Alors qu ' i l tentait de la faire publier en France, qui était des dogmes et de la morale. mais n' acceptait pas les dogmes concernant la disci­ pline ecclésiastique. Cf. L. COLLIARD. Mgr Bailly et le Gallicanisme valdôtoi11. cit., p. 1 82 . 1111 1 «L'é g l ise n y le duché d'Aoste se sont soumis aux decrets du saint e t cccumenique Concile general de Trente que par les articles qui regardent les dogmes de la foy catholique, la pu­ reté de la doctrine chrcsticnnc et des bonnes moeurs. et i ls n'ont aucunement reconnu ny reeeu les autres reglements [ ...]». Cf. J.-8- DE TILi.IER. Historique ... , cit.. p. 1 38. Pour plus de détails nous renvoyons à: G. CASTELLAR!. Degli usi go/licani di alcu11e chiese d 'Italia. Studio di diritto ecclesiustico. Torino, 1 898: M. GROSSO e M. F. MEL.LANO, la contmri­ fi mnu ne/lu Valle d 'Aosto nell 'etù di Enwnuele Filiberto e nei primi w111i del governo di Carlo Emm111ele 1, clans lu Valle d 'Ao.1·ta. Rela::.ioni e ro111w1ica-::.ioni presentate al XXXI Congresso Storico Suhulpino di Aosta (9- 10- 1 1 sette111/1re 1 956). Aoste. 2 vols. t. 1 . pp. 448- 477 ; A. ERBA, op. cit., p. 54 et -sq . . 1111 I l s'agit d' une bulle contenant une série d ' excommunications générales prononcées so­ lennellement à Rome, le Jeudi Saint de chaque année, contre les auteurs de certains délits. L'absolution pour ces excommunications revenait uniquement au Pape. Plusieurs auteurs reconnaissaient dans la constitution ·'Apostolatus officium" promulguée par le Pape Urban V en 1 364 la première rédaction de la bul le "ln Coena Domini". Cette constitution conte­ nait sept cas d'excommunication mais il y manquait encore la réserve de l ' absolution. Les successeurs de ce Pape donnèrent à leur tour des formes différentes à cette bulle. Jules Il, en 1 5 1 L. en formula la première rédaction traditionnelle avec douze cas d'excommunica­ tion; Paul Hl. en 1 536, les réduisit à six, tandi s que Grégoire III les porta à vingt et une. En 1 627. le Pape Urbain V, dans la constillllion "Pastoralis", fixa son texte définitif. qui ne su­ bit plus de modifications. Parmi les dix-neuf cas d'excommunication qu' elle contenait. on peut citer tous les hérétiques, leurs soutiens et leurs protecteurs; ceux qui se rendaient cou­ pables de violences sur les cardinaux, les évêques ou les légats du Saint Siège: ceux qui traînaient des ecclésiastiques devant des j uridictions laïques contre les prescriptions du droit canon; ceux qui imposaient des charges pécuniaires à des ecclésiastiques sans la permis­ sion du Saint Siège. Dans la partie finale de cette bulle, il était ordonné à tous les évêques de la publier solen nellement chaque année clans leurs églises cathédrales. Dans la plupart des diocèses d'Italie et d' Espagne. elle fut notifiée aux fidèles. En Savoie. la bulle ne fut pas acceptée sans difficultés. Le I " mai 1 58 1 , le Nonce Lauro avait reçu du cardinal Tolo­ meo Gallio l 'ordre de l a faire publier en Piémont et en Savoie. Ce Nonce se mit à l ' œuvre et réussit à la faire proclamer le 24 juillet clans la cathédrale de Turin. Peu après, l 'évêque