La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

356 Correspondance d 'A. Bui/h· - 1 664- 1672 nuée, nous luy laissions ravir un des plus beaux fleurons de sa couronne, et suffrions, en cessant de pourvoir aux abus, qu'on le desgraclat, pour ainsy dire, de l il lustre tiltre de protecteur des saints canons que les Tres Saincts Peres, et les Sacrés Conci les ont donné aux monarques cathol iques, et que ceux de Savoye ont pareill iement montré. Emanuel Phi libert de glorieuse memoire, bisayeul de V.A.R., connoissant l' importance de ce droict et combien il estoit necessaire de le maintenir par le rninistere de ses magistrats, ne fust pas plus tost restably dans ses Estats, qu ' i l donna pouvoir au Senat de Savoye, par son edict du Y avri l 1 560, d ' ad­ mettre les appellations comme d ' abus et de casser les entreprises fai ttes contre les saincts canons, et au prejudice des j urisdictions ecclesiastiques ou temporelles. (f02r) On l ' avoit pratiquée à Chambery avant ce temps là, comme le font tous les parlements de France, et mesmes les cours estrangeres, quoy que soubs d ' au tres noms, et nos predecesseurs s ' y sont portés avec tant de cou­ rage, et si utillement que dez lors l a religion catholique a esté conservée, et augmentée dans les provinces, les prelats maintenus dans leurs privi leges et les peuples dans leurs devoirs. V.A.R. et ses sujets j oüi ssent d u fruict qu' ont produict les oppositons continuelles du Senat aux entreprises des ec­ clesiastiques, et sont encor, graces à Dieu, aujourd ' huy desl ivrés de certai­ nes sujettions qui troublent ail leurs bien souvent la tranquilité des Etats et de la souveraineté de leurs princes. Nous avons trouvé que deja en l ' année 1 580, un evesque d' Aouste ayant fait c iter par devant le Nonce de Turin un gentilhomme valdaoustain et celluy cy en ayant appellé comme d ' abus, le Senat de Savoye reçeut son appel, et par arrest contradictoirement rendu, cleclaré la citation abusive; en 1 637 et 1 648, [les senateurs] ont receûs les chanoines de St. Ours appellants comme d' abus des provisions emanées de la chancel lerie du Seig.r Nonce de Turin, en 1658 tout le c lergé contre son evesque, et depuis peu les Procurateurs Fiscal, et Episcopal d' Aouste au su­ jet d ' une absol ution donnée par l ' auditeur du Seig.r Nonce à des personnes excommuniées par I 'evêque cl' Aouste. Nous avons pratiqué la mesme chose à I ' esgard du seigneur Vice Legat d 'Avignon, on reçeut en 1 658 u ne appel­ lation comme d ' abus d ' une de ses ordonnances, et on la j ugea le 23 mars les chambres assemblées. Par ces exemples, Monseigneur, V.A. R. voit que les ecclesiastiques mesme sont contraints de recourir / ( f02v) à cet azile pour se garentir de plusieurs violences auxquelles enfi n , sans ce remede, i l s couroient fortune de suc­ comber. Si le seigneur Nonce de Turin estoit crû dans son entreprise, il ren­ droit bientot le seigneur Archevesque de Tarentaise un archevesque sans

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