La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Document / 357 province, et sans suffragant. Ce Prelat avoit autrefois deux evesques soubs luy, celluy de S ion, et celluy d' Aouste. Le premier s ' est soustrait de sa ju­ risdiction, et les Nonces residents auprés des cantons catholiques ont tant faits [sic] par leurs negociations, qu' i l s s'en sont attirés tout l ' avantage. Le seigneur Nonce de Turin voudrait bien oster à ce bon Prelat l' authorité qui luy reste sur la Val d' Aouste; cette augmentation de sujet seroit utille à sa chancellerie, mais elle ne nous semble pas raisonnable, et V.A.R. ayant deja beaucoup perdû au changement de l 'evesque de Val ley perdrait encore beau­ coup en lai ssant di straire l ' evesché d' Aouste de son superieur canonique. Le duché est tout à fait separé du Piedmont quant aux moeurs, aux coustu­ mes, et au gouvernement, et quelque pouvoir qu ' ai t le seig.r Nonce de Tu­ rin, on ne croit pas qu' il s' estende dans cette Vallée. I l est i ncontestable que les laïcs despendents de l ' authorité tempore l le, et de là nai ssent divers moyens comme d ' abus des monitions, et c itations susdictes dudit seig.r Nonce. L' on nous asseure que pour colorer ses attentants, i l allegue divers actes dont les uns regardent la despoüillie pretendue sur les ecclesiastiques, et i l ne s ' en agit pas presentement, et les autres contiennent des citations decer­ nées, et des jugements rendus sur des mattieres qui devoient ressortir par devant le Metrapolitain selon l ' ordre / (f03r) estably par les saincts canons, et c ' est dont i l est question maintenant. Les dits seigneurs Evesques, et Ar­ chevesques disent que ces actes ont esté faits, ou pendant la vacquance de leur siege, ou tandis qu ' i l s estaient absents, et toujours à leur i nsçeû, et que les prescriptions des droicts de cette nature ne s' establi ssent pas par des usurpations clandestines, ny par le faict des particuliers seulement, mais i l faut adjouster qu'entre ces actes mesme [sic] qui ont esté cottés par le sie­ gneur Nonce, il y en at [sic] qui ont esté annullés par le Senat sur l ' appel comme d' abus interjetté de la part de ceux qui en estaient gravés, et que ce recours empeche la prescription pretendue. Il est vray, Monseigneur, que tous les decrets et arrets du Senat de Savoye faits dez l ' année 1 5 80 et dont nous avons fait mention à V . A.R., toutes les remonstrances et conc l usions du Procureur General sont autant d' interrup­ tions fonnelles de cette possession, que le sieg.r Nonce oppose, et d' autant plus que suivant nos maximes le Procureur g[e]n [er]al est toujours à temps d ' appeller comme d' abus les choses qui luy ont esté chachées, lors qu'el­ les l uy deviennent notoires. Le laps de temps ne couvre poin [t] l ' abus, tandis que le grief, et l ' oppression dure, et le grief et l ' oppression continuent pendant qu ' i 1 y a contravention aux saincts canons, et trouble de sa j urisdiction ecclesiastique, ou lai·que.

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