La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

34 Correspondance d 'A. Buill_1· - 1 664- 1672 En 1 670, une l ongue et épui sante quere l l e éc l ata entre Mgr Bai l l y et l e Nonce de Turin Angelo Maria Ranuzzi 111x. Ce différend qu i amena même l ' évêque d ' Aoste à proposer ses démi ssions au duc Charles-Emmanuel lI (lett. 605 ) , trouvait son fondement dans la volonté du Nonce de s ' ingérer dans toutes les questions ecclésiastiques valdôtaines. Pour sa part. ! ' É glise d'Aoste déclarait que ses territoires faisaient certes partie des É tats de Sa­ voie, mais puisqu ' elle avait adopté les usages gallicans, les fidèles Valdô­ tains étaient tout à fait séparés du Piémont quant aux mœurs, à la langue et au gouvernement. Le Nonce s ' était plaint à cause d ' un épisode lié à la procédure dite "comme d'abus", qui était interdite par la Bu l l e In Coena Domini. Le 1 3 novembre 1 669, Jean-Rodolphe Pensa, capitaine des gardes de Saint-Rémi , blessa le révérend Perretto son curé, et le jour suivant il fut chassé de l église dans laquelle il était entré pour assi ster à la messe. Tl s ' adressa donc au secré­ taire de la curie d ' Aoste qui lui promit de résoudre cette question à condi­ tion de se réconci lier avec le curé blessé. Mais Pensa n ' en fit rien, et il fut donc excommunié par le vicaire de ! ' É vêque d' Aoste. Le 4 janvier 1 670 i l s ' adressa alors à notre É vêque, qu i refusa de s ' occuper de la question, car désormais cette affaire était de la compétence de la cour romaine. Pensa se rendit alors chez le Nonce, qui accepta de lui donner une absolution "ad cautelam", qui nécessi tait toutefois d ' être confirmée au terme de deux mois par les autorités compétentes �1 Rome. Entre temps, le Nonce fit citer le pro­ cureur épiscopal nommé par l ' évêque pour s' occuper de ce procès, charge pour laquel le Bailly avait nommé son neveu Réné Ribitel . Le Nonce l u i de­ manda de comparaître pour j us t i fier le refus de l ' absol u tion qu ' i l avai t donné, mai s Ribitel fit recours au Sénat de Savoie, en appelant l e Nonce comme d ' abus. Pour sa pa11, le Sénat de Savoie affirma que le Nonce n ' avait point de pouvoir sur l ' évêque d' Aoste, car il s ' agissait d ' un territoire en de­ hors de sa j uridi ction111''. Dans le document que le Procureur envoya à Turin, il soul ignait que « cette entreprise du Nonce est contre toutte la discipline ecclesiastique, qui ne per- 1'" Nous avons identifié ce personnage à la note 1 de la lettre 596. '"'A.S.T.. Corte. Murerie Ecclesiastiche, cat. XV, Usi di Savoia, liasse 1 à inventorier. fasc. 7. Lettre du Sénm de Sa1·oie par rapport à / 'entreprise du seigneur Nonce Resident à Tu­ rin qui m•oit donné des lettres opellatoires au prejudice des SeigneurA rcheveque de Taren­ taise et EvPque d 'Aoste, dont les procureurs archiepiscopales et episcopal ll\'oient upelle� comme d 'abus ai dit Sénat. qui aFoit reçu leur appel. et dont le dit nonce se plaignoit.

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