La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello
60 Correspondunce d 'A. Bai//y - 1 664- 1672 donner quelque soulagement à vostre douleur? Veritablement" aucunes, puis que Y.AR . , Monseigneur, n ' a pas une seconde mere, ni une seconde epouse dont je puisse fa i re servir la vie et la possession à J ' allegement de vostre peine. Ai ns i , Monseigneur, j ' abandonne en cette occas ion ma raison im puissante, et cherchant le secours qui m' est necessaire pour seicherh vos lar mes dans l ' ordre de la grace, je conj ure V.A.R. , Monseigneur, de ne plus vous affliger d ' une mort que l ' amour d' un Dieu et sa grace ont assûrement causée pour vostre plus grande perfection, et pour vous / (f0 J v) rendre le chemi n de la gloire plus sûr, et p l us aisé. Il est, Monseigneur, de deux sortes de graces que nous appellons en nos ter mes positives, et negatives. Les positives sont la vie de nos amis, et de nos proches, les richesses, l ' honeur, l a santé, et tout le reste des biens de nature, et de fortune. Et les negatives sont la perte, et la privation de tous ces ad vantages. Je les appelle toutes deux graces, car Dieu en est l ' auteur: c ' est luy seul qui fai t tous les biens, et tous les maux i nnocents, et tout ce qui nous vient de Dieu se doit estimer, et appeller grace. Or, Monseigneur, les graces negatives nous sont bien plus utiles que les positives, car les fel ici tés de l a v i e bien souvent nous corrompent, ou partagent nos cœurs, que Dieu veut avoir entiers, et sans division, et leurs privations nous humilient, et nous fon t exercer toutes les p l us heroiques vertus . Vous voiés, Monsei gneur, où je vais. V.AR . a perdu M .R., sa rneœ1. Cette mort a esté une grace negative pour vous. Elle vous a degagé de tout ce grand fond de tendresses San Carlo). portée en triomphe par toute la Cour. dans l ' attente de la transférer à Verceil près du tombeau de son mari Victor-Amédée l". En 1 802. à cause de l'éloignement des Car mélites de ce monastère suite à l ' occupation française. ses dépouilles furent transférées dans l ' église de Sainte Thérèse à l ' intérieur de l a chapelle de saint Erasme. Pour ce qui est de Françoise d'Orléans. son corps aussi fut exposé, habillé des mêmes vêtements qu ' el le portait le jour de son entrée à Turin, dix mois auparavant ( B.R.T., Mise. 1 68. 22. Morte di Cristina di Francia, Duchessa di Savoia; G. CLARETTA, Storia della reggenz.a . . . . cit. , t. II, pp. 553-554; G . DATIA DE ALBERTIS, Cristina di Francia, Madama Reale, Torino, Società Subalpina Editrice, 1 943. pp. 342-344; F. HAYWARD, op. cit. , t. II, p. 1 89). ' Charles-Emmanuel II annonçait à sa sœur, !' É lectrice de B avière, la mort de leur mère par les mots suivants: «Madame ma sœur, c'est avec un excés de déplaisir que je me vois reduit à vous donner la plus deplorable nou velle qui puisse affliger Y.A.E1'. C'est la mort de la feüe Madame R[oya]le nostre mère, qui fut attaquée le 26 de ce mois à neuf heures du soir d' une suffocation causée par une pleni tude d'humeurs qui ayant continué tout le lendemain sans que Sa d[ic]te A. R[oya]le s'en pût remettre en façon quelconque, elle expira à une heure de n uict». La dévotion exacer-
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