La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 546 6 1 que vous . aviés � our elle, qu ! , toutes i nnoce � tes qu ' e l les fussent, estoient neantmoms tousJours excessives, et partageo1ent un peu vostre coeur entre Di eu, et elle. Et de plus, cette perte vous a fait produire mille actes de vertu, / (f° 2r) de resi gnation à l a volonté divine, de mepris pour les choses du monde, faire dire des messes, donner des aumosnes et, ce qui est plus consi­ derab le, c' est qu ' en vous accablant, Monseigneur, de la derniere douleur, elle vous a rendu semblable à ce Dieu incarné qui prend plaisir de se fa ire appeller « l ' homme des douleurs»'. À peine commenciés-vous à respirer, Monseigneur, et vostre rai son n ' avoit pas presque encore bien entendu les premieres propositions que la nature }uy faisoit de vous inspirer de chercher quelque plaisir qui vous empeschat de succomber au poids de vostre tristesse, qu' une seconde grace negative a imposé silence à cette nature delicate, et vous a enlevé vostre divine epouse pour vous replonger dans le profond de la douleur". Qu' est-il arrivé de cet acc ident ? Mi l l e biens, Monseigneur: la privation des plaisirs renaissans dont la nature vous sollicitoit, et de ceux dont la vie de cette incomparable epouse vous devoit combler, et enfin la continuation des pratiques de mille vertus, et de vos souffrances, qui ont ordre de vous faire imitateur de celles de J[esus]-Christ. Je m' arrête, Monseigneur, à cette seule, et sainte raison pour consoler vostre douleur. La nature n ' y a point de part. Elle est un raion / (f'2v) detaché de la grace, qu'elle vous presente pour éclairer vostre ame royale, et luy fa ire voir cette importante verité. Ouy, les maux que vous souf- bée, la vieillesse précoce et les fièvres fréquentes avaient affaibli le corps de Christine. De­ puis des mois e l le vivait enfermée dans ses appartements à Palazzo Madama. Sur les véri­ tables causes de sa mort voir L. GILARDI, La morte di Cristina di Francia in due brevi me­ morie inedite. dans «Studi Piemontesi». t. XXVIIJ, fasc. 1 , pp. 207-2 1 7 . (A.S.T., Corte, Ce­ rimoniale, Funerali, liasse L à inventorier, Regisfro di lettere scritte in occasione della morte delle Duchesse di Savoia Christina di Francia successa il 27 dicembre 1663, e Francesca d 'Orléans accaduta il 14 &e1maio 1664; P. A. Soc1N1, op. cit. , 3 et 1 0 janvier 1 664; G. DATIA DE ALBERTTS, Cristina di Francia . . . , cit. , pp. 340-34 1 : G. AMORETIT. op. cif. , t. III, p. 40). ' Isaïe 53, 3 «homme des douleurs. familier de la souffrance». • Les marquis Ghiron Francesco Villa et sa femme Camilla, qui avaient été chargés de conduire les négociations du mariage entre Charles-Emmanuel II et la jeune fille, s'étaient habilement enquis des vé1itables conditions de santé de Françoise d'Orléans, et ils les avaient cachées à la cour turinoise. De nombreuses hypothèses sur sa mort ont été avancées, entre autres celle qui la voit mourir en couches de son premier enfant ou plus probablement d'une maladie des poumons. (Cf. E. BURNlER, op. cit . . t. IL p. 55). Sur les véritables causes de la mort de cette princesse nous nous permettons de renvoyer à notre article Le brefséjour de la 'Colombina d 'amore ' à Turin. Relation du médecin Bartolomeo Torrini sur les causes

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