La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

68 Correspo11do11ce d 'A. Bail/.\' - 1 664- 1672 Lettre 549 A. S .T. , Corte, Lettere Vescovi, liasse 20, fasc. 7, lett. 1 52 Destinataire: Lieu et date d 'envoi: Support: Autres mentions: Monsieur, Gu i l laume- François Carron , marqu i s de Saint­ Thomas Aoste, 24 février 1 664 un bifeuil let (ff 1 v, 2v blancs ) t'° 2v, ma i n D : 24 feb [ vrier] 1 664. Evesque d' Aouste. D' Aoste ce 24 feb[vrier] 1 664. En verité, i l n ' y a poi nt de plaisir de vous écrire, car vous faites des répon­ ces capables de desesperer" les meil leurs écrivains. J ' avais pri s la liberté de vous faire rendre une lettre que mon coeur tout seul avoit composée, c ' est à dire qu ' i l n ' y avoit ni pensées, ni expressions, ni lumieres non plus que dans cette puissance aveugle qui l' avoit dictée, et vostre esprit a rempli vos­ tre miraculeuse rêponce d ' une si prodigieuse quantité de toutes ces belles choses qui me manquent, qu'elles m' ont cruel l ement eblou i , et confondu. Je n ' ai garde, Monsieur, d ' essaier d' imiter vos profusions. Si j ' estois assés hardi pour en former le dessein, je me rendrais tout à fait ridicule. Et si vous m' opposés que je dois associer ma raison avec mon coeur pour vous faire des lettres, et tendres, et belles, j e vous direi , Monsieur, que / (f02r) Dieu ne donne pas à tous les hommes ces facu ltés egalement heureuses, et par­ faites. Vous etes, Monsieur, l ' un de ceux qu ' i l a voulu enrichir de ces deux ornements si semblables, qu ' on ne sçauroit discerner lequel est le plus beau, et le plus noble. Mais il ne m' a pas fait une mesme grace . I l ne m' a point donné d ' esprit, et i l s ' est contenté de me faire naistre avec un coeur assés bon. Et il faut bien assOrement que j ' en aie un peu. et point pour [sic] tout d ' esprit, puisque je prens la hardiesse de vous dire, Monsieur, que je vous aime avec des tendresses infinies et que, tout écl airé que vous estes, vous ne I' estes pas assés pour penetrer le fond de mes respects, et de mon zele envers vous ; et si vous oser dire ces choses n ' est pas u ne temerité etrange, et une faute manifeste de j ugement, il n ' en fût j amais aucune. Au moins, Monsieur, j' ay cette consolation que ce n' est pas l ' esprit, mais le coeur seu-

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