La correspondance d'Albert Bailly Volume VII Années 1659-1663 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 554 8 1 _Mon sei gneur, que V.A.R. y trouve à ! ' avenir de quoi chasser sans aller vous exposer à une chasse de dehors et si dangereuse, comme on me dit / (f02r) que vous faites tous les jours, et avec tant de perit1• En verité, Monseigneur, vous cometés un grand peché, et je ne sçay comment vostre confesseur' peut vous en absoudre, puisqu' i l est habituel . Mais ne sçavés vous pas que vos­ tre persane, selon les theologiens plus éclairés, et plus sçavants, vaut plus que tout l ' Estat ensemble ; et sur ce veritable, et solide fondement, dittes­ moi, Monseigneur, je vous conj ure, si vous ne croiriés point" pecher grief­ vement si vous exposiés vostre Etat sans necessité à un danger eminent" d' artistes renommés avaient travaillé à la réalisation de ce projet ( parmi eux on peut citer Charles Dauphin. le flamand Hamer. Lorenzo Dufour), mais malheureusement, en 1 693, cette résidence fut ravagée et brülée par les troupes françaises du général français Catinat, tout comme le palais de Rivoli. Cette résidence de chasse et de plaisir fut habitée par les souverains piémontais jusqu'à la dernière occupation française. lorsqu · elle fut abandonnée pour le palais de chasse de Stupinigi. À partir de 1 7 1 4, Philippe Juvarra fut chargé de la re­ bâtir, tandis que vers la moitié du XVIII'. siècle un nouveau projet d'expansion fut confié à Benedetto Alfieri. Cf. A . DI CASTELLAMONTE, La Venaria Reale. Palazzo di Piacere e di Caccia, ideato da// 'A/tezza Reale di Carlo Emmanuel !, duca di Savoia. re di Cipro etc. Disegnato e delinea/o da/ comte Amedeo di Castellanwnte / 'anno J 672, Torino, Zappata, 1674 [mais 1 679], éd. anastatique Bottega d' Erasmo, Torino, 1 967: G. CLARETTA, Storia del regno . . . . cit., t. II. pp. 377-379 et p. 384: R. A N TO N E TT O , B. ANTONETTO, Residenz.e Sa­ baude, Torino, Editurist, 1 99 1 , pp. 27 1 -294: Residenze Sabaude. par les soins de R. B A R­ NABE!, Roma, Editalia, Edizioni d' Italia, 1 996, pp. 1 6 1 - 1 7 1 . 4 Le duc, qui conduisait depuis toujours une vie gaie et dissipée, nous est présenté sous un éclairage très flatteur par l 'ambassadeur vénitien Belegno, qui le décrit comme un «prin­ cipe vivacissimo. di buon talento. nelle fatiche i ndefesso», mais surtout 'sprezzatore dei pericoli ' . G. CLARETTA. Storia del regno .. ., cit. , t. lL p. 444. 5 Le confesseur de Charles-Emmanuel II était à l ' époque Pietrino Aghemio de Villefran­ che. Abbé de S. Mauro. i l était aussi chanoine et trésorier de la métropolitaine de Turin . (B.C.C.T., Fondo Bosio, Ms . B . 1 37, 1 confessori di casa Savoia, carta l 3r: G . CLARETTA, Storia del regno . . . , cit. , t. [, p. 285). 6 L'expression 'danger ou péril éminent' a le sens d'un danger pressant, d'un a � cident qui menace. Vaugelas clans ses Remarques consacre u n article à cette expression. A son avis. l'emploi de ! " adjectif éminent à la place du correspondant latin imminent, s'explique par l'effet désagréable provoqué par la suite des trois -i. Au lieu qu' imminent. voulant dire «une chose preste à tomber sur une autre», il soutenait que 'éminent' convenait mieux au péril qui était sur le point d' accabler une personne. En effet. péril éminent ne peut pas se dire pour un évènement soudain, parce qu ' i l donne à entendre que ! " on peut prévoir le danger, ce qui amene Vaugelas ù croire que l ' épithète éminent convient mieux à un péril dont on a le temps d'examiner le caractère dangereux. Donc Vaugelas penchait pour !"expression dan­ ger éminent et non pour péril imminent, malgré son étymologie latine. Cf. A. FURETIÈRE.

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